La colline de Chaillot s'est dotée en 1937 de trois palais qui, chacun à sa manière, redonnaient une actualité à l'ordre classique et à sa sobre clarté : blanche avec le travertin français du palais de Tokyo, beige avec la pierre de Bourgogne du palais de Chaillot, rose brun avec les bétons bruts du palais d'Iéna. Sur le site du service des phares et balises, ce dernier accueillera jusqu'en 1955 le musée des Travaux publics, avant de devenir le siège de l'actuel Conseil économique, social et environnemental. Pièce maîtresse du parcours constructif et théorique d'Auguste Perret, l'édifice est aussi l'un des grands classiques de l'architecture moderne et, plus encore, le premier et le seul monument parisien intégralement réalisé en béton apparent.
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AUGUSTE PERRET ET L'ÂGE CLASSIQUE DU BÉTON
- Par Simon Texier*
- Actualités
- Dominique Perrault
Le palais, côté avenue d'Iéna et axonométrie générale en 1936.
Des trois ensembles muséaux laissés par l'Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne, l'actuel palais d'Iéna se distingue sur plusieurs points. À commencer par sa chronologie : commandé à Auguste Perret en 1936, le musée des Travaux publics n'est inauguré qu'en 1939, alors qu'il est inachevé.
Par sa situation, ensuite : privé d'une façade ouvrant sur le grand paysage de la Seine et de la rive gauche, Perret saura jouer avec brio de la dialectique banal/monumental et donner à son œuvre, en retrait des palais de Tokyo et de Chaillot mais à mi-chemin de l'un et de l'autre, un caractère et une présence presque naturels.
Urbanité contrôlée
La familiarité qui semble en effet se dégager du palais d'Iéna s'explique notamment par son mode d'implantation, face à la rotonde du musée Guimet comme aux immeubles d'angle post haussmanniens du quartier, sur une parcelle triangulaire qui a motivé plusieurs [...]
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N°253
datant de novembre 2016