Dessiner pour illustrer un processus de pensée - Livre
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De plus en plus prisés sur le marché de l’art et dans les musées, les dessins d’architectes impressionnent par leur diversité et, souvent, par leur beauté plastique, voire par la sensibilité ou l’étrangeté qui en émanent. Pour autant et depuis toujours, avant d’être des «œuvres d’art», ces productions sont d’abord des moyens visuels pour les architectes de mettre en forme leurs idées et de transmettre leur vision du monde.
Les dessins révèlent le processus de conception des projets, réels ou imaginaires, la difficulté de matérialiser le bouillonnement d’une pensée. En témoigne la sélection remarquable de 250 dessins d’architectes –de Michel Ange à Frank Gehry, de Louis Kahn à Toyo Ito, ou de Hans Hollein à Coop Himmelblau–, rassemblés dans cet ouvrage qui a la particularité de les présenter par paire, afin qu’ils se répondent visuellement. Certains ont été réalisés en plusieurs fois, quand d’autres répondent à des objectifs immédiats: concrétiser une idée nouvelle ou fixer des détails élaborés par les membres d’une équipe. On trouvera ainsi côte à côte des travaux soignés destinés à convaincre un client, des dessins plus techniques et de superbes croquis réalisés à main levée, tel celui de la tour The Shard, par Renzo Piano.
De l'expression à la communication
Au fil des siècles, l’apparition de nouvelles techniques a dicté l’évolution des conventions et des codes régissant le dessin d’architecture et a influencé la manière de l’exécuter et de le diffuser. En retour, il s’est fait l’écho des innovations, en termes de matériaux et de structure, dans la construction elle-même. Et s’il a donné lieu à un consensus du point de vue du langage, par l’emploi de couleurs, de techniques d’ombrage et d’épaisseurs de trait, il est aussi l’expression d’un projet en train d’éclore, portant la marque de plusieurs membres d’une équipe. Avec l’apparition des programmes de conception assistée par ordinateur, il a évolué en tant que support de communication, en même temps que la logique de production. Quoi qu’il en soit, et par-delà le fait que le dessin d’architecture sera toujours davantage qu’un objet esthétique autonome –car il illustre une idée, un problème de conception, une proposition–, plonger son regard dans ces œuvres qui n’en sont pas est une manière de se rappeler que l’architecture est un métier avec une indéniable part créative. Il faut par ailleurs souligner la qualité scientifique des notices qui accompagnent chacune des illustrations, un bon moyen de réviser ses classiques d’hier et d’aujourd’hui.
- Dessins d’architecture, Helen Thomas. Editions Phaidon, 250 ill., 320 p., 69,95 €.
