Écoles d’architecture : 2015, premiers essais pour harmoniser les modalités de recrutement

Les tests d’admission au sein des écoles d’architecture ont eu lieu en mai pour la rentrée 2015. Parmi les 20 écoles, 12 ont mis en place des modalités de recrutement similaires. Une première étape vers l'harmonisation prévue pour 2016.

Parmi les 10 actions prioritaires préconisées en avril 2013 dans le rapport Feltesse – né de la concertation auprès des Écoles nationales supérieures d'architecture –, l’une portait sur l’harmonisation des modalités de recrutement des élèves de 1re année. Ces modalités d’entrée, propres à chaque école étaient estimées trop diverses, « sans qu’elles permettent pour autant d’affirmer l’identité des écoles, ni une diversification sociale et académique des étudiants, ni de minimiser le taux d’échec et d’abandon en premier cycle, représentant 52 % des effectifs de l’ENSA », indiquait ce rapport.

Ces modalités de recrutement très sélectives sont pourtant devenues une nécessité. Suivre des études d’architecture représente le premier vœu pour 7800 bacheliers. Or, ils ne sont que 2800 entrants chaque année pour les 20 écoles réparties en France. Certaines écoles parisiennes reçoivent plus de 2000 demandes pour un peu plus d'une centaine de places à l’arrivée. D’où la mise en place de tests d'admission, qui varient d’une école à l’autre : épreuves graphiques (maquettes, croquis) ou écrites à faire chez soi ou sur table pour certaines, entretiens, lettres de motivation, avec comme préalable, l’examen du livret scolaire.

Ces évolutions ont pu déclencher une certaine incompréhension de la part des candidats, car si l’accès aux études est différent d’une école à l’autre, au bout du compte, c’est le même diplôme qui est délivré. Certains déplorent également le manque d’équité de ces méthodes. Avoir une culture architecturale s’avère souvent un plus, alors qu’elle n’est pas dispensée dans les lycées. Le profil des élèves issus de milieux sociaux ouverts à celle-ci serait ainsi privilégié...

De fait, ces modalités de recrutement ont fait émerger un marché, celui des prépas (les Manaa), onéreuses, et qui, de l’avis des enseignants et directeurs d’école, préparent surtout au formatage des candidats et ne sont pas forcément un sésame pour réussir ces tests d’admission.

Le ministère de la Culture, en concertation avec les écoles, travaille donc, depuis 2013, à leur harmonisation, avec l’objectif de rendre ces démarches plus lisibles pour les candidats. Une première étape a été franchie en 2015 pour plus de la moitié des écoles. Celle-ci a consisté à définir un « minimum commun », sans toutefois écarter la spécificité de chacune d’elle. Un compromis aurait donc été trouvé entre les enseignants et directeurs qui souhaitaient conserver les modalités d’entrée propres à chaque école, garantes de son identité, et les partisans d’un programme commun qui risquait d’aboutir à un classement des écoles.

Pour cette année, le processus de sélection s’est déroulé en deux étapes : l’examen du dossier scolaire d’abord (mais la pondération des notes était laissée à l’appréciation de chaque école, certaines privilégiant les profils littéraires, d’autres scientifiques) complété éventuellement d’une lettre de motivation ; puis un entretien systématique, l’enjeu étant de détecter la motivation du candidat et ses qualités et aptitudes pour suivre ce cursus, à partir d’une grille d’analyse commune. Bien conscientes que l’ouverture sociale est à développer, les écoles avaient également pour consigne de ne pas axer les entretiens sur le bagage culturel des élèves afin de ne pas donner plus de chances aux candidats qui se sont préparés en Manaa.

À l’ENSA de Versailles par exemple, qui a fait partie des écoles pilotes, l’entretien était une première. Les 650 candidats retenus – parmi 1 600 demandes – étaient invités à plancher le matin sur une citation de Richard Serra. Ils pouvaient traiter le sujet à partir d’une maquette ou d’un texte avec croquis. Tous ont ensuite été auditionnés l’après-midi par des binômes d’enseignants qui avaient pour consigne de partir de leur rendu pour éprouver leur intérêt à s’engager dans ces études. Les candidats pouvaient également montrer leurs travaux personnels. Selon les instances pédagogiques de l’école, cette façon de procéder s’est avérée très positive, les enseignants se sentant davantage impliqués dans le recrutement et les profils retenus étant plus diversifiés que les années précédentes.

Après les ajustements nécessaires qui feront suite à cette préfiguration, toutes les écoles seront engagées dans cette harmonisation à la rentrée 2016.

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  • Le 30/06/2015 à 09h01

    Votre article dénonce les prépas privées (qui sont pour la plupart des pompes à fric) mais en les désignant sous l'appellation MANAA, c'est dévaloriser une formation légitime de l'Education Nationale qui n'a pas pour but unique de préparer à l'entrée en école d'architecture. La "Mise à Niveau Arts Appliqués" prépare des jeunes issus d'un bac général à entrer principalement dans les formations de design (bts et dma). Il y a souvent une trop grande méconnaissance des formations design/arts appliqués de la part des écoles d'architecture et des architectes en général. Beaucoup d'étudiants ayant un bts design d'espace ou même DSAA design espace se dirigent pourtant vers une poursuite d'étude en école d'architecture, ils doivent faire souvent face à des a priori sur un prétendu formatage... Là aussi, les relations entre formations en design et formation en architecture mériteraient concertations et harmonisations... Je suis enseignante en BTS Design d'espace dans une école publique, j'ai longtemps enseigné en MANAA.

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