L'annuel 2022 d'AMC est paru

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AMC n°310 - décembre 2022, janvier 2023, couverture

Retrouvez dans l'annuel 2022 d'AMC qui vient de paraître (n°310 - décembre 2022-janvier 2023), disponible en format numérique: les projets lauréats et finalistes de l'Équerre d'argent, la sélection des 100 réalisations de l'année et la rétrospective des événements marquants (livraisons, chantiers, concours, patrimoine, prix, disparitions, expositions, livres).

Édito

Éponge poreuse

L'architecture est une discipline poreuse. C'est une éponge qui absorbe les soubresauts et les questionnements du monde en tentant, à son niveau, d'apporter ses propres solutions. En ces temps troublés, où se cumulent dangers sanitaire, climatique, écologique, énergétique et même militaire, l'architecture est en plein bouleversement et chacun s'accroche à ce qui lui semble être une certitude. Il y a ceux, marqués par les écrits du philosophe Bruno Latour disparu en octobre, pour qui l'architecture doit absolument réconcilier nature et société sur toute l'épaisseur de la pellicule terrestre - incluant le sous-sol et la basse atmosphère -, cette « zone critique » dont l'homme n'est que l'un des composants (lire p. 30).

 

Il y a ceux, plus traditionnellement, qui rappellent l'irréductibilité de la condition matérielle de tout bâtiment, comme Paul Chemetov et Marc Mimram, dans leur tout récent opuscule, intitulé Construire (Editions du Linteau) : « Les façons de faire actuelles ne peuvent faire l'impasse sur la matérialité. Un bâtiment n'est pas un hologramme, il pèse des tonnes, il est fait de béton, de bois, de verre, de métal, de paille ou de chanvre s'il le faut, mais il est. » La nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, se confiait quant à elle, en octobre, sur les vertus réparatrices de l'architecture et sa capacité à redonner de l'espoir : « Dans mon enfance passée à Beyrouth pendant la guerre civile, j'avais une vision des destructions et des éclats d'obus dans les immeubles. Ensuite, j'ai eu une vision de la reconstruction, avec des bâtiments nouveaux qui émergeaient. Chaque projet dans la ville était comme une victoire contre la haine et la mort. » Enfin, il reste - malgré tout, pourrait-on dire - la dimension artistique, rappelée le 21 novembre par Gilles Perraudin, lors de la remise de l'Equerre d'argent à Emmanuelle et Laurent Beaudouin et Ivry Serres pour la médiathèque de Grasse : « L'harmonie des masses bâties, l'ordonnancement des éléments dans une hiérarchie claire, la simplicité comme réponse à une immense complexité, tout cela demande un art. Un art exigeant, difficile, un art du dialogue, de la coopération, de l'équilibre entre les forces contradictoires unissant la pensée et la matérialité de l'œuvre. » Sans nul doute, quelles que soient les mutations à venir, l'architecture devra demeurer tout cela à la fois : partie intégrante du vivant pris dans sa globalité, science de la construction au service d'une forme, solution artistique et message d'espoir et de réconfort.

 

Gilles Davoine, rédacteur en chef

 

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