ÉQUERRE D'ARGENT 2011 / MENTION - VINCENT PARREIRA - GROUPE SCOLAIRE INTERCOMMUNAL
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Dans un quartier en rénovation urbaine à Saint-Denis, AAVP Architecture a livré deux écoles en une, plus un gymnase, autour d’une cour commune. Le groupe scolaire, bardé de bois sculpté, fait face à la halle sportive, longiligne et revêtue d’aluminium perforé.
A quelques pas du Stade de France à Saint-Denis, dans un quartier où alternent pavillons décrépis et résidences flambant neuves, émerge le groupe scolaire intercommunal Casarès-Doisneau imaginé par AAVP Architecture. Localisé rue Cristino-Garcia, l’établissement accueille depuis septembre 2011 les élèves d’Aubervilliers et de Saint-Denis, dans dix classes maternelles et quatorze classes élémentaires. Les salles d’enseignements, d’une surface de 50 à 60 m2, sont réparties de part et d’autre d’un bâtiment implanté en « U » autour d’une cour de récréation végétalisée. A l’étage, les salles côté cour disposent de baies vitrées coulissantes qui s’ouvrent sur des coursives extérieures abritées, équipées de hauts garde-corps (1,30 m) en acier galvanisé et bois. De là, les enfants peuvent rejoindre la cour de récréation en descendant l’escalier externe de leur propre école. Ils peuvent par ailleurs accéder à une toiture-terrasse partiellement végétalisée. Construites en ossature bois, les écoles maternelle (R 1) et élémentaire (R 2) sont montées sur des pilotis en béton afin de dégager de vastes préaux. Au niveau de la rue, la vue est filtrée par des cassettes métalliques perforées de teinte dorée qui forment le soubassement du bâtiment. Façade, sur-toiture et sous-face du groupe scolaire sont enveloppées d’une même vêture en pin Douglas. Celle-ci se compose d’une succession de tasseaux verticaux (5 x 5 cm), remarquablement alignés et raccordés compte tenu de la géométrie facettée du complexe bâti. Des joints creux obliques, ménagés entre les tasseaux, rappellent le dessin des croix de Saint-André. Pour donner plus de relief à cette structure à claire-voie, l’agence conceptrice a rajouté des sculptures en bois tourné qui semblent extraites des panneaux ajourés protégeant certaines baies vitrées. D’autres cadres décoratifs voient leur bordure découpée suivant un motif de briques. La brique, la vraie, se retrouve dans la cheminée cylindrique qui marque le site. Cet élément symbolique du patrimoine industriel local est aujourd’hui rehaussé d’un liseré doré. L’école maternelle contourne avec respect cette cheminée, avant de venir se raccorder à la nouvelle halle sportive qui referme la parcelle au sud. Ce gymnase adopte le gabarit de l’ancienne manufacture dont il prend la place. Façade et toiture du volume sont habillées d’une mantille dorée en tôle d’aluminium perforée. Ces perforations tamisent la lumière à l’intérieur de la halle sportive. Elles dessinent également des motifs géométriques en losanges sur les parois laiteuses qui ceinturent la salle. Ces parois sont constituées de panneaux en polycarbonate alvéolaire, remplis de billes d’aérogel de silice jouant le rôle d’isolant thermique. La charpente losangée en bois lamellé-collé du gymnase, haute de 7 mètres, repose sur un socle en béton dans lequel se loge la cantine scolaire. Celle-ci laisse apparaître son activité interne à travers le mur-rideau du rez-de-chaussée sur rue. Le bâtiment adjacent, à structure et bardage métalliques, contient les vestiaires et la centrale de traitement de l’air du gymnase. Sportifs et fluides transitent alors par les passerelles et les conduites enrobées de métal rouge. Le gymnase et deux salles polyvalentes sont ouverts au public en dehors des horaires scolaires par des entrées distinctes. Didier Paillard, maire de Saint-Denis, voit dans cette opération « la pièce maîtresse de la rénovation urbaine de ce quartier Anru ». Côté Aubervilliers, le maire Jacques Salvator souhaite « poursuivre la dynamique engagée » avec la création d’autres écoles à l’est et au sud de sa ville d’ici à 2014.
Vincent Parreira « La mémoire peut devenir la structure de ce bâtiment »
La Seine-Saint-Denis est le territoire qui m’a vu naître juste un an après sa création. La « banlieue », le « 93 », tous ces messages négatifs qui la poursuivent ne blessent plus la population qui y vit. À Saint-Denis, mes oncles me parlaient déjà de Cristino Garcia, du centre culturel et de cette petite Espagne où il faisait bon se retrouver les fins de semaine pour partager tapas, sangria, flamenco e lazo de amistad. J’ai donc attendu toutes ces années et ce concours pour découvrir la dimension si particulière de ce méandre multiculturel.
Le lieu est celui que j’imaginais : un territoire où se confrontent deux cultures, sociale et industrielle, dans un amas de volumes d’acier, ponctuées d’habitations de tous âges. L’envergure du projet nous ramenait au souvenir de la première école que nous avions livrée quelques années plus tôt et qui ne comptait que deux classes. Et pourtant, ce projet nous paraissait familier dans son contexte et dans sa dimension. Il suggère cette culture luso-hispanophone qui pétille dans nos gênes et c’est pourquoi il nous ressemble sous toutes ses coutures, dans l’ombre de ses plis, dans l’enveloppe qui le définit, dans l’épaisseur qu’il propose, dans le toucher qu’il décline, dans la peau qu’il offre, dans son tourbillon de points de vue, dans la vêture qui le galbe, dans l’imaginaire qu’il renvoie, dans la sensualité qu’il augure et dans la couleur qu’il projette. Si défendre cette architecture fut plus un sport de combat qu’une promenade dans la cité, nous n’oublions pas la réalité de ce territoire où la misère humaine et culturelle s’accroche là ou la mémoire se décline. Nous revendiquons ainsi que la mémoire puisse devenir la structure de ce groupe scolaire, une page laissée libre à l’écriture vernaculaire et poétique d’une architecture volontairement contemporaine.
Ce projet fut à nous, dessiné pour nous, pour notre plaisir, puis nous l’avons rendu à la cité, pour qu’elle se l’approprie et s’enorgueillisse. Il deviendra un moment de l’histoire du lieu, avec des histoires d’amour et d’amitiés, parce que ses occupants sont notre chance, ces enfants encore libres de demain.
Visitez le site de l'architecte : www.aavp-architecture.com
Groupe scolaire intercommunal Casarès-Doisneau, Vincent Parreira, Saint-Denis, mention à l'Equerre d'argent 2011 : cheminée cylindrique en brique
Ce double équipement public, sportif et scolaire, est bardé de matériaux contrastés : panneaux métalliques et tasseaux de bois.
Groupe scolaire intercommunal Casarès-Doisneau, Vincent Parreira, Saint-Denis, mention à l'Equerre d'argent 2011 : cour de récréation végétalisée
Groupe scolaire intercommunal Casarès-Doisneau, Vincent Parreira, Saint-Denis, mention à l'Equerre d'argent 2011 : plan masse
Groupe scolaire intercommunal Casarès-Doisneau, Vincent Parreira, Saint-Denis, mention à l'Equerre d'argent 2011 : plan du rez-de-chaussée
Groupe scolaire intercommunal Casarès-Doisneau, Vincent Parreira, Saint-Denis, mention à l'Equerre d'argent 2011 : coupe longitudinale
- Lieu : Saint-Denis (93)
- Maîtrise d’ouvrage : Villes de Saint-Denis et d’Aubervilliers
- Maîtrise d'oeuvre : AAVP architecture (Vincent Parreira, Elise Reiffers, Thomas Rault), architecte mandataire ; Atelier 59, signalétique; Incet , BET TCE ; Sylva conseil, structure bois; Oasiis,HQE; Impédance, acoustique
- Surface : 7 070 m2
- Coût : 15 millions d’euros HT