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ÉQUERRE D'ARGENT 2013 / LAURÉAT - SANAA - LE LOUVRE-LENS
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Une architecture silencieuse et un paysage intérieur calme pour accueillir des chefs-d'œuvre et donner une seconde vie à une friche minière, tel est le parti du Louvre-Lens livré en décembre 2012 par l'agence Sanaa.
Lorsqu'en 2005 la région Nord-Pas-de-Calais et le Louvre se sont associés pour lancer le projet d'un établissement satellite du Louvre sur une friche minière à Lens, nul ne pouvait imaginer qu'en décembre 2013, soit un an après son ouverture, le Louvre-Lens aurait accueilli 900 000 visiteurs. Patrick Bouchain chargé par la maîtrise d'ouvrage lors du concours, de synthétiser l'histoire de la fosse, de repérer les données paysagères, avait mis en exergue le patrimoine végétal et le relief du remblai. Il avait alors pressenti qu'au contraire d'un bâtiment monolithique, le Louvre-Lens pouvait constituer une entité formée de pavillons disposés avec sensibilité sur l'ancien carreau de mine. Le projet réalisé par l'agence Sanaa confirme la pertinence de cette analyse, par l'implantation d'un enchaînement de pavillons dans la longueur du site, selon une courbe tendue en écho aux tracés des anciens cavaliers. C'est-à-dire une attitude mesurée et non une posture imposante. Le musée établit un rapport étroit à la nature et adopte une position respectueuse de l'histoire et de la morphologie du site. Le passé industriel de cette parcelle de 20 ha, en a déterminé la configuration liée aux flux des produits miniers ainsi que la surélévation de 4 m du remblai de schiste.
Une suite de pavillons miroitants
Sur cette plateforme s'enchaînent d'est en ouest sur 360 m de long, 5 volumes horizontaux (de 6 m de haut), qui jouent des reflets du paysage grâce à leurs façades de verre ou d'aluminium. Singulière quoiqu'à peine perceptible, la légère courbure en plan des façades répond aux lisières boisées du parc. Cette inflexion instaure une infime distorsion de l'espace intérieur qui modifie subrepticement la perception des lieux. Au centre du dispositif, le grand hall est une boîte de verre baignée de lumière par ses façades de verre et son ouverture zénithale centrale. Sa surface de 3 600 m2 est ponctuée de fins piliers d'acier de 14 cm de diamètre. Des kiosques vitrés abritent les fonctions d'accueil du musée. Connecté à ce pavillon d'entrée, le long bâtiment (120 x 25 m) de la Galerie du Temps est l'espace majeur de présentation de la collection semi-permanente. Il accueille 210 œuvres sur 3 000 m2 dans un volume libre de tout poteau, aux parois pleines, qu'éclaire naturellement une toiture filtre. La structure de poutres d'acier en T très fines crée une sorte de voilure. Les murs sont revêtus, à l'intérieur comme à l'extérieur, de panneaux d'aluminium anodisé et poli qui produisent des reflets soyeux. Embrassant du regard la totalité de la salle d'exposition, grâce à un surplomb de 0,50 m, le visiteur accède aux premières œuvres par de grands emmarchements, puis le sol de la galerie se développe en pente légère continue (0,3 %). À son extrémité, la Galerie du Temps s'ouvre sur le Pavillon de verre (1 000 m2 ) qui présente une double façade de verre sur tout son périmètre (contrairement au pavillon d'accueil en simple vitrage). Il comporte trois volumes cylindriques opaques dont l'un est structurel et abrite des services tandis que les deux autres accueillent des œuvres sensibles. Implantée à l'ouest du hall d'accueil, la galerie d'exposition temporaire (1 800 m2) s'étire sur 80 m de long. Si elle fait écho à la Grande Galerie par sa forme et son éclairage zénithal, en revanche ses murs intérieurs sont blancs. En pignon ouest, la Scène est un volume autonome, espace modulable et pluridisciplinaire de 280 places assises, doté de gradins rétractables. Le traitement des abords de l'équipement a fait l'objet d'une grande attention. Michel Desvigne et Christian de Portzamparc ont été chargés d'une mission d'aménagement urbain dans le cadre d'Euralens. Les cheminements à travers les quartiers adjacents et les accès depuis la gare et les parkings ont été dessinés et plantés. Ces interventions sur le territoire devraient connecter plus étroitement la ville au musée et par là même contribuer à provoquer de véritables échanges et à instaurer à terme une dynamique qui pourrait alors bénéficier réellement à l'ensemble des communes alentour.
Henri Loyrette, ex-Président-directeur du musée du Louvre
« Cet autre Louvre, ce musée de verre et de lumière n'est pas une simple annexe du Louvre, mais le Louvre même, dans toutes ses dimensions et toutes ses composantes, dans son amplitude géographique et chronologique de musée universel. Le Louvre-Lens est l'occasion d'expérimenter ce qui ne peut l'être dans l'enveloppe et l'organisation contraintes du palais parisien. C'est une nouvelle aile du Louvre où tout devient possible. Le mode de présentation des œuvres est lui aussi totalement inédit. La Galerie du temps, épine dorsale du musée, montre ce « long et visible cheminement de l'humanité » qui pour Charles Péguy caractérise le Louvre, en offrant aux visiteurs de nouvelles clefs de compréhension. C'est une autre façon de découvrir les œuvres qui, rapprochées, confrontées, ouvrent les grands registres du monde. Le public n'est jamais face à un mur. L'idée du reflet a révélé et renforcé la logique sous-jacente du projet. L'effet fantasmagorique va dans le sens du choix d'œuvres représentatives, car les reflets convoquent les autres œuvres. Le public se rencontre aussi dans ce reflet. » (décembre 2012)
Visitez le site de l'architecte : www.sanaa.co.jp
Le Louvre-Lens, Sanaa, Lens, Equerre d'argent 2013 : vue des pavillons
Le Louvre-Lens, Sanaa, Lens, Equerre d'argent 2013 : grand hall avec kiosque vitré
Le Louvre-Lens, Sanaa, Lens, Equerre d'argent 2013 : plan du RDC
- Lieu : Lens, Pas-de-Calais
- Maîtrise d'ouvrage : région Nord-Pas-de-Calais
- Maîtrise d'œuvre : Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa/SANAA, architecte mandataire ; Tim Culbert, Celia Imrey/Imrey Culbert LP ; Catherine Mosbach, architecte paysagiste, coauteurs ; Yoshitaka Tanase, Yumiko Yamada, Louis-Antoine Grégo, Koji Yoshida, Nobuhiro Kitazawa, Lucy Styles, architectes assistants ; Studio Adrien Gardère, muséographe ; Antoine Saubot - Michel Lévi - Extra Muros ; Antoine Belin, architectes d'opération ; Bureau Michel Forgue, économiste ; Saps/Sasaki and partners, BET structure ; Bollinger + Grohmann, BET structure métal et façade ; Betom, BET structure béton et fluides ; Hubert Pénicaud, SNC Lavalin, BET environnement ; Transplan, concept environnemental ; Arnaud de Bussière, BET façades ; Arup Lighting, BET éclairage ; Avel, BET acoustique
- Surface : 28 000 m2 Shon dont 3 000 m2 exposition permanente et 2 500 m2 exposition temporaire
- Coût : 150 M€