Gaëla Blandy: photographe sur la corde sensible (1/4)
- Karine Guilbert
- Photographie d'architecture
Chaque semaine, AMC donne la parole à un photographe d'architecture pour commenter l'une de ses prises de vues. Invitée de cette série: Gaëla Blandy
« Les habitants d’ITAR, comme je les appelais, sont les habitants que j’ai rencontrés dans le bâtiment dessinés par l’architecte de l’agence ITAR, (Ingrid Taillandier). J’ai voyagé rue Pouchet dans « un petit monde de l’architecture », sept logements sociaux du 17e arr. de Paris. A chaque visite, je pénétrais un univers dont je ne sortais que pour retrouver ma vie courante. J’avais une mission : était-il possible de comprendre les intentions de l’architecte en photographiant les habitants ? Raconter ce lieu de vie, trouver les indices qui permettent d’en savoir plus sur son appropriation, je devais répondre à la commande. Lucy est devenue l’une de mes héroïnes. Je voulais rencontrer des gens qui m’autorisent à les suivre, qui acceptent la rencontre. Pour notre premier rendez-vous, Lucy s’était préparée, habillée comme une actrice de cinéma. Je devenais quelqu’un d’important : j’étais la photographe de circonstance et elle était l’actrice. Je l’ai suivie dans son parcours de tous les jours, depuis son appartement, dans l’escalier, les coursives, jusque dehors. Lucy se met en scène, elle joue le jeu. Elle me laisse découvrir sa relation au bâtiment, là où elle se sent bien, m’a offert un peu d’elle-même, de son temps précieux. J’en ai appris sur Lucy. Elle vit avec son fils, croyante, pratiquante, elle a son histoire. Elle s’est postée là, dans cette espace collectif, happée par la lumière verticale ; j’ai saisi l’instant ».
Photographie publiée dans le livre : HABITARE, ed archibooks ; Agence ITAR, Ingrid Taillandier architectes
4 bâtiments de logements collectifs d’ITAR à photographier : 7 logements sociaux / Rue Pouchet à Paris – 2011 / 13 logements sociaux ; Rue Volta à Paris – 2014/ 28 logements sociaux / Local commercial ; Rue des Pyrénées à Paris – 2015/ Résidence étudiante de 179 logements et un logement gardien / La Verrière - 2016
Gaëla Blandy raconte des histoires de la vie réelle et de la vie rêvée. A travers ses images, l’observateur est emporté dans un ailleurs, une réalité passée dans le prisme de l’interprétation artistique. Chacun de ses travaux est investi d’une nécessité viscérale de rendre intelligible les sentiments. Autant surpris par ses personnages captivants, que par les bâtiments qu’elle photographie, l’observateur assiste devant ses images à la mise en mouvement de ce qui est habituellement figé.