Gaëla Blandy: photographe sur la corde sensible (4/4)
- Karine Guilbert
- Photographie d'architecture
Chaque semaine, AMC donne la parole à un photographe d'architecture pour commenter l'une de ses prises de vues. Invitée de cette série: Gaëla Blandy
« J’ai découvert la Fondation de Frank Ghery, dans le journal Libération. Immédiatement j’ai eu envie d’aller le voir. Pour explorer l’édifice, je tournais autour, devant derrière, dessus dessous, mais rien ne se passait. Et peu à peu, au bout d’un long moment, le bâtiment s’est transformé. Un poisson gigantesque respirait la bouche ouverte, tendue vers le ciel ; son visage a pris forme. L’immersion est lente et progressive, il faut du temps pour tordre la réalité et accéder aux sentiments. Le charme n’opère pas toujours et je ne suis pas sensible à toutes les architectures. Sans la commande, il n’y pas d’obligation de résultat. Le photographe a la liberté du regard. Les architectes proposent un « truc » et le photographe le regarde à son tour. Par la mise en scène (composition, éclairage, angle de vue), il amorce une nouvelle histoire du bâtiment. La photographie contribue à fabriquer des tableaux qui, par accumulation, vont intégrer l’imaginaire des architectes, des curieux, des badauds. Ce médium puissant qui passe par une certaine esthétisation, a la capacité de reproduire les émotions ».
Gaëla Blandy raconte des histoires de la vie réelle et de la vie rêvée. A travers ses images, l’observateur est emporté dans un ailleurs, une réalité passée dans le prisme de l’interprétation artistique. Chacun de ses travaux est investi d’une nécessité viscérale de rendre intelligible les sentiments. Autant surpris par ses personnages captivants, que par les bâtiments qu’elle photographie, l’observateur assiste devant ses images à la mise en mouvement de ce qui est habituellement figé.