"L’accompagnement d’un AMO, indispensable avec la loi Alur, permet de confronter le rêve à la réalité", par Hervé Saillet, directeur de CUADD Conseil
HERVÉ SAILLET, assistant à la maîtrise d'ouvrage,
directeur de CUADD Conseil
"Dans les années 1980, le Mouvement pour l’habitat groupé autogéré (MHGA) s’était interrogé sur le besoin d’une professionnalisation du secteur par des acteurs extérieurs pour qu’il se développe plus largement. Mais c’est entre?2005 et 2008, au moment où de nombreuses associations se constituent et tissent des réseaux partout en France, que les assistants à la maîtrise d’ouvrage commencent à s’intéresser à l’habitat participatif pour en faire une nouvelle spécialité. Aujourd’hui, le niveau d’intervention d’un AMO varie en fonction de deux types de groupes : certains, dans leur composition, ont déjà des connaissances sur le sujet ou de la construction. Ceux-là n’ont pas besoin d’être accompagnés du début à la fin du projet, mais essentiellement dans des moments de crise ou de blocage, parfois même avec l’architecte. Le deuxième type ne possède pas cette culture et demande à être formé sur bon nombre de sujets. Lors de la phase d’élaboration du programme (charte de vie, définition des espaces collectifs, etc.), l’accompagnement d’un AMO permet aux membres de confronter le rêve à la réalité, d’identifier leurs attentes, de faire des choix et, au final, de vivre une première expérience à blanc de ce que sera leur vie collective. Schématiquement, on distingue aussi deux manières de pratiquer ce nouveau métier : un seul intervenant présent sur tous les sujets du début à la fin du projet, ou bien un système de prestations à la carte effectuées par différents AMO aux connaissances complémentaires (architecture, urbanisme, cadre juridique, financier…). Cette deuxième option me semble la plus juste par rapport au principe de base de l’habitat participatif. Car il ne faut pas oublier qu’il vise d’abord à se passer de l’intermédiaire omniprésent que représente le promoteur immobilier classique, afin que les habitants fassent leurs propres choix. Cependant, avec la loi Alur, qui offre un cadre juridique aux sociétés d’autopromotion et aux coopératives d’habitants, et les montages de partenariats avec les bailleurs sociaux qui en découleront, l’intervention d’un AMO sera de toute façon indispensable."