«L’Equerre a identifié les héros des années 1980 et 1990 avant de laisser davantage de place à une architecture "du quotidien"», Jacques Lucan

Zoom sur l'image «L’Equerre a identifié les héros des années 1980 et 1990 avant de laisser davantage de place à une architecture du quotidien», Jacques Lucan
© Bruno Levy / AMC - Jacques Lucan, historien et théoricien de l'architecture, ancien rédacteur en chef d’AMC

Jacques Lucan a été rédacteur en chef d’AMC de 1977 à 1981, puis?de 1983 à 1988?; il a été plusieurs fois membre du jury de l’Equerre jusque dans les années 1990. Enseignant en France et en Suisse, historien et?théoricien de l’architecture, il a publié en 2020 Habiter, ville et architecture (éd. EPFL).

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Quelle réalisation obtiendra l'Équerre d'argent 2022 ? En attendant l'annonce du palmarès et la remise des prix qui se tiendront le 21 novembre à Paris, retour sur 40 ans d'Équerre avec Jacques Lucan, historien et théoricien de l'architecture, ancien rédacteur en chef d’AMC, qui préside le jury de cette édition anniversaire.

 

AMC : En 1983, vous êtes rédacteur en chef d’AMC, revue d’architecture reprise un an plus tôt par le Groupe Moniteur. Dans quelles conditions l’Equerre d’argent voit-elle le jour ?
Jacques Lucan : Le PDG du Groupe Moniteur de l’époque, Marc-Noël Vigier, m’a appelé à l’automne 1982 pour relancer AMC, revue qui avait cessé de paraître l’année précédente parce que son propriétaire, la SFA (Société française des architectes), n’en avait plus les moyens. Vigier avait beaucoup d’architectes dans son entourage. Fin 1982, il organise un voyage au Japon, dont je suis, qui emmène Jean Nouvel, Claude Parent, Michel Andrault, Paul Chemetov, Edith Girard et d’autres visiter l’architecture japonaise et rencontrer des architectes comme Fumihiko Maki ou Arata Isozaki. Je ne sais pas qui lui souffle alors l’idée de relancer l’Equerre d’argent, prix organisé entre 1960 et 1974 par la revue L’Architecture française, disparue dans les années 1970. Vigier était soutenu dans cette entreprise par son cercle d’architectes et par Dominique ­Boudet, rédacteur en chef du Moniteur. Dès le départ, il a été décidé que le jury serait composé d’architectes, de critiques et de maîtres d’ouvrage. Je me souviens que dans le premier jury, il y avait par exemple ­Kenneth Frampton, dont la notoriété était déjà internationale.

Quel souvenir gardez-vous de cette première Equerre, en 1983 ?
Le premier lauréat, la crèche Au coin du feu à Saint-Denis, construite par Henri Ciriani, a vraiment bénéficié de l’influence de Boudet, qui s’était amouraché de ce petit bâtiment, pourtant loin d’être l’œuvre majeure de Ciriani ! D’autant que la crèche s’inscrit dans un ensemble d’habitation réalisé également par Ciriani, la Cour d’angle, qui n’a pas été récompensé ! Je n’étais pas membre du jury et n’ai pas assisté au délibéré, mais quand j’ai appris le résultat, j’avais du mal à y croire. Je pense que Vigier, qui voulait marquer le coup et donner un peu de lustre à cette première édition sous l’égide du Moniteur, était lui aussi déçu. On ne peut pas dire que ce nouveau lancement de l’Equerre d’argent démarrait sur les chapeaux de roues ! Il faudra attendre 1985, avec le musée Picasso à Paris par Roland Simounet, pour qu’elle récompense une opération d’ampleur nationale, en tout cas qui se rapproche de ce que l’on pourrait désigner comme le bâtiment de l’année.

Le début des années 1980 marque un tournant, qui structurera l’architecture française pour les vingt ans à venir.

Qu’est-ce qui caractérise la scène architecturale française dans les années 1980, et dans quelle mesure les projets primés en sont-ils représentatifs ?
Le début des années 1980 marque un tournant, qui structurera l’architecture française pour les vingt ans à venir, à partir de plusieurs manifestations majeures. Il y a d’abord en 1981 l’exposition « Présence de l’histoire », à la chapelle de la Salpêtrière à Paris –reprise partielle de celle présentée l’année précédente à la Biennale de Venise–, qui montre, côté français, le travail des

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