Les cinq villas conçues par Tony Garnier à Lyon et dans ses environs entre 1910 et 1934 restent méconnues, alors même qu'à l'occasion des 150 ans de la naissance de l'architecte était célébrée son œuvre, audacieuse et humaniste, en avance sur le mouvement moderne. La nature est omniprésente dans ces projets, à l'architecture sobre et au décor épuré. La « valeur travail » est prégnante dans les trois villas du quartier Saint-Rambert. Sa propre maison n'offre pas moins de trois ateliers, témoignage de la relation essentielle qu'il instaure entre la fonction d'habiter et celle de travailler. Emblématiques de ses préoccupations hygiénistes mais aussi reflet de sa culture ancienne et moderne, ces villas renouvellent la typologie de la domus pour répondre aux besoins et au mode de vie modernes. Tels les prototypes des habitations d'Une cité industrielle, elles constituent l'une des premières tentatives d'une esthétique caractéristique du béton et expriment un puissant imaginaire architectural et urbain.
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L'INVENTION DE LA VILLA MODERNE
- Pierre Gras (coordination), avec Laurent Baridon, Fatima Zahra Boughanem, Marion Falaise, Chloé Lendroit, Gilbert Richaud, ainsi qu'Anne-Sophie Clémençon et Martine Tallet (iconographie)*
- Actualités
Perspective du quartier d'habitation d'Une cité industrielle, 1918.
À son retour de la villa Médicis en 1904, Tony Garnier signe sa première œuvre construite, la vacherie municipale du parc de la Tête d'Or, après l'échec d'un projet de villas dans le quartier de ce même parc(1). Entre 1910 et 1934, il réalisera cinq villas à Lyon et dans ses environs. Il y met au point une organisation et une conception spatiale que l'on retrouve dans les habitations individuelles d'Une cité industrielle, projet majeur qu'il conçoit dès 1901 et publiera sous sa forme définitive en 1918. Les nombreux dessins de villas au bord de l'eau conservés à la fondation Renaud ou au musée des beaux-arts de Lyon témoignent d'un rapport passionné et intime à ce programme porteur de questions à la fois esthétiques, fonctionnelles et hygiénistes.
Intérieurs intimistes, extérieurs minimalistes
Au nord de la ville, rue de la Mignonne à Saint- Rambert-l'Ile-Barbe, Garnier construit, entre 1910 et 1924, un ensemble de trois [...]
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N°294
datant de mars 2021