La Biennale de Venise recentre le monde de l'architecture

Inaugurée le 20 mai et ouverte jusqu’au 26 novembre 2023, la 18e biennale internationale d'architecture de Venise met pour la première fois à l'honneur un continent entier : l'Afrique. En fait, celui d'origine de la commissaire générale Lesley Lokko, architecte et enseignante, qui fait ainsi œuvre de militantisme pour rétablir le déséquilibre fondamentale d'une histoire de l'architecture occidentalo-centrée. Sur les 89 praticiens invité à présenter leur travail dans le pavillon central des Giardini et à l’Arsenale de l'antique cité des Doges, la moitié sont originaire d’Afrique ou issue de la diaspora africaine. Cette sélection est portée par une certitude : celle que nous avons beaucoup à apprendre de ces "laboratoires du futur", territoires et pratiques où l'espace se fabrique en tension avec la rugosité du climat et l'instabilité géo-politique, en tirant profit de ressources matérielles localisées et bio-sourcées, et en déployant fortement l'impact social et culturel du projet architectural. Aux côtés des stars internationales David Adjaye et Diebedo Francis Kéré, lauréat du prix Pritzker, une seule équipe française : celle formée par Meriem Chabani - l'une des 20 femmes architectes à suivre identifiées par AMC en 2023 - et John Edom, dont les sujets d'inclusivité sont au centre de la pratique. New South, leur agence fondée à Paris en 2020, présente à Venise un tapis figurant "un espace diasporique" - comprendre, les continuités domestiques et spatiales que fabriquent les déplacements d'objets et d'usages par delà les frontières, au fil des migrations de trois générations de femmes entre la France et l'Algérie.