À l’heure où l’on célèbre le cinquantenaire de la mort d’Eugène Freyssinet (1879-1962), les anciennes messageries de la gare d’Austerlitz, à Paris, construites entre 1927 et 1929, sont désormais inscrites au titre des monuments historiques. S’il s’agit d’une bataille gagnée, les bureaux qui accompagnent la halle échappent néanmoins au classement. Conçus et réalisés par l’ingénieur au même titre que les magnifiques nefs de béton armé et précontraint, ils mériteraient pourtant d’être protégés afin que le futur usage du bâtiment ne mutile pas le projet initial. Réalisé pour la compagnie du Paris-Orléans, le bâtiment témoigne du niveau de développement des sociétés privées de chemin de fer avant leur nationalisation en 1937. Long de 300 mètres, il reprend l’échelle qu’atteignent alors les trains de colis et marchandises alimentant la capitale. Sa configuration, avec la partie centrale de la nef nord surélevée, rend compte de la nouvelle organisation du travail, désormais « rationalisé », que ces compagnies innovantes promeuvent dans l’entre-deux-guerres.
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La halle freyssinet une esthétique de la rationalisation Industrielle
- Par Nicolas Nogue*
- Actualités
ci-dessus. Vue aérienne de la halle longeant les voies ferrées derrière la BNF.
Dès 1913, il est prévu de construire de nouvelles messageries pour le transbordement (fer-route) des colis et marchandises, l’ancienne halle devenant trop exiguë au regard de l’augmentation exponentielle du trafic. Sous-dimensionnée, elle engendrait notamment des retards considérables pour la livraison des denrées fraîches destinées aux halles centrales de la capitale (les fameuses Halles Baltard). La première Guerre Mondiale ajourne le projet qui devient alors impératif dans les années vingt. Deux services internes du Paris-Orléans (P.O.) entrent en concurrence pour la conception de la configuration architecturale du programme. Alors que le service des travaux – responsable des équipements – propose de construire de simples auvents pour couvrir les opérations de transbordement « trains-camions » des marchandises, le service de l’exploitation, en charge de l’organisation du travail, opte quant à lui pour un édifice clos à un étage afin [...]
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N°216
datant de juin 2012