La Samaritaine: le Conseil d’État valide le projet de Sanaa
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Après avoir été annulé par deux juridictions administratives, le permis de construire du projet de rénovation de la Samaritaine conçu par Sanaa a finalement été validé le vendredi 19 juin 2015 par le Conseil d’État.
Le projet de transformation de la Samaritaine par Sanaa, Paris. © Sanaa
«Après avoir précisé l’interprétation des règles du plan local d’urbanisme (PLU) de Paris relatives à l’intégration des constructions nouvelles dans le tissu urbain existant, le Conseil d’État a estimé que le projet, en particulier la façade en verre ondulé prévue sur la rue de Rivoli, ne méconnaissait pas ces règles», ont jugé les sages dans leur décision. Le chantier de rénovation du magasin n°4 de la Samaritaine va donc pouvoir enfin redémarrer. Le groupe de luxe LVMH, propriétaire du grand magasin parisien, avait saisi le Conseil d’État suite à une décision de mai 2014, confirmée par un arrêt de la cour administrative d’appel de Paris en janvier dernier, ayant suspendu le permis de construire pour la transformation du grand magasin par les starchitectes japonais Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa. Les sages ont ainsi suivi l’avis du rapporteur public qui avait demandé à la plus haute juridiction administrative «de laisser s’écrire, rue de Rivoli, une nouvelle page de l’histoire de l’architecture de Paris».
Éviter le mimétisme architectural
Saisie notamment par l’association Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF), la cour administrative d’appel de Paris avait jugé que, d’après son interprétation du PLU parisien, toute construction nouvelle devait prendre en compte les caractéristiques des façades et couvertures des bâtiments voisins, ainsi que celles du site dans lequel elle s’insère. Compte tenu des caractéristiques de la façade en verre de la rue de Rivoli et des autres façades de la rue, le projet était donc estimé contraire au PLU. Le Conseil d’État a jugé lui «qu’il fallait retenir une interprétation plus ouverte de l’article UG 11 du PLU» et s’est appuyé sur des passages de l’article insistant sur le souci d’éviter le «mimétisme architectural». Les associations ont évidemment déploré cette décision prise, selon elles, «dans un contexte réglementaire et médiatique défavorable aux recours». Elles jugent Paris «fragilisé dans son modèle urbain fait d’homogénéité et d’horizontalité» et déplorent «les excès du projet» mais se réjouissent du débat qui s’est engagé à cette occasion. «Ce questionnement sur l’intégration de l’architecture contemporaine concerne de nombreuses villes françaises et fait notamment écho à celui de la dernière Biennale d’architecture de Venise sur les effets d’une modernité mal comprise et l’avènement de villes “génériques”». La décision du Conseil d’État met un terme «à un contentieux de plus de deux ans», a rappelé Anne Hidalgo, la maire de Paris. Il va permettre la réalisation de ce projet chiffré à 460 millions d’euros, dont les permis de construire avaient été déposés en juillet 2011. «Les travaux vont pouvoir redémarrer dans les semaines qui viennent pour une durée d’un peu moins de trois ans. L’ensemble du site devrait ouvrir d’ici à la fin 2018», a estimé Jean-Jacques Guiony, P-DG de la Samaritaine. Dans un communiqué, LVMH a précisé que «les trois années de travaux devraient générer 1800 emplois» et que «l’ensemble, ainsi rénové, permettra la création de plus de 2200 emplois directs». La «nouvelle Samaritaine», installée entre la Seine et la rue de Rivoli, comportera 21000 m2 de surfaces commerciales, des bureaux, 95 logements sociaux, une crèche et un hôtel de luxe (groupe LVMH).