Laurent Kronental, photographe du temps suspendu (2/4)
- Karine Guilbert
- Photographie d'architecture
Chaque semaine, AMC donne la parole à un photographe d'architecture pour commenter l'une de ses prises de vues. Invité de cette série: Laurent Kronental
« Deux ans d’élaboration et de prises de contacts pour porter à terme ce projet au long cours. La rencontre avec Mohamed a été fondamentale. Trente-quatre ans qu’il vit dans ce grand ensemble. Les gens le surnomment « Thé man » depuis qu’il vend son thé à la menthe aux pieds des tours. Compagnon de route, il m’assistait lors des prises de vue facilitées par sa connaissance du terrain. Je me souviens de cette fin de journée, chez ce couple installé depuis vingt ou trente ans dans cet appartement du 12e étage. Ils nous ont laissé l’accès à la chambre des enfants figée depuis leur départ. Dans cette pièce, vestige des années 1980, seuls les bruits de la rue et du couple occupé à ses activités du soir, raisonnaient. Aux heures bleues, la réalité se mélange à la fiction, nous étions comme dans un vaisseau immobilisé dans l’espace-temps. »
« Il y a une grande part d’inconscient dans le travail de tous ceux qui créent ». Laurent kronental explore les champs de la psychanalyse lorsqu’il parle de ses photographies. Il convoque ses souvenirs comme une réserve à émotions et ses images ravivent la mémoire collective. « Souvenir d’un futur », titre du premier volet élu prix du public 2016 au festival Circulations – avait permis de faire connaître un auteur dont l’écriture ne laisse pas indifférent. Il présente en quatre photographies sa nouvelle série "Les yeux des tours".