Le numéro d'avril d'AMC est paru

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AMC 277

Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître (n°277-avril 2019): un événement sur la difficile préservation de l’habitat parisien des années 1950, un dossier sur la construction biosourcée, des détails sur les containers habités et une matériauthèque consacrée au verre. Mais aussi les réalisations du mois: une résidence d’artistes à Berlin par Brandlhuber+EMDE, Burlon / Muck Petzet; le marché d’intérêt national de Rezé par Erik Giudice; une résidence étudiante à Gif-sur-Yvette par LAN/Vergély; une maison atelier à Lille par Clément Berton; enfin, la reconversion d'un garage à Bordeaux par Doazan+Hirschberger. En référence, la tour 3M (1974-1976) à Cergy-Pontoise par Paul Depondt.

 

Edito

 

Effondrement

Le constat est aujourd’hui unanime: on ne peut pas continuer comme ça. Le taux de carbone (CO2) dans l’atmosphère, en progression lente depuis la révolution industrielle, s’accentue à un rythme de plus en plus élevé, dépassant les prévisions les plus pessimistes. Il entraîne dérèglement climatique, pollution, destruction de la biodiversité. A force de puiser toujours plus de matières premières non renouvelables dans la Terre, elle s’épuise. Les limites de la planète sont connues. Et la croissance économique, depuis un siècle et demi, n’a bénéficié qu’à une minorité de la population mondiale. Si tout le monde vivait comme les Français, il faudrait trois Terre; comme les Américains, cinq. L’absurdité de ces scénarios, qui condamnent l’espèce humaine, n’a pas suscité pour l’heure de remise en cause réelle des modes de production et de consommation. Le risque politique est trop grand pour changer de modèle. Du coup, des voix de plus en plus nombreuses alertent sur la possibilité d’un effondrement de la civilisation industrielle d’ici dix à vingt ans. L’agronome Pablo Servigne, auteur de Comment tout peut s’effondrer et Une autre fin du monde est possible*, tente même d’imaginer, à partir de travaux scientifiques, ce qui pourrait lui succéder. Et de promouvoir un retour à des modes de vie plus autonomes, voire autarciques, en utilisant des ressources renouvelables et de proximité. La construction se prête plutôt bien à ce changement radical. Les matériaux biosourcés, par exemple, constituent d’excellents isolants, qui ne demandent qu’à se développer (lire p. 53). Déjà, en mai 1921, la revue La Science et la Vie prédisait un bel avenir à la maison de paille en préconisant «l’emploi, pour la construction des murs, de matières végétales produites à pied d’œuvre par la région où l’on veut bâtir: paille de blé, de seigle ou d’avoine, roseaux, ajoncs, genêts, ronces ou autres matières susceptibles d’être comprimées à l’aide de la presse à fourrage». Retour en arrière? Avec un pessimisme teinté de dérision, Yves Cochet, ancien ministre de l’Environnement, affirmait récemment: «Quel est le pays européen qui s’en tirera le mieux au moment de l’effondrement? L’Albanie! Pourquoi? Parce que la moitié de ses paysans utilisent encore la traction animale». Les derniers seront les premiers.

 

Gilles Davoine, rédacteur en chef

 

(*) Edités au Seuil respectivement en 2015 et 2018.

 

 

 

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