Le numéro d'octobre d'AMC est paru

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© AMC - AMC n°290-octobre 2020, couverture

Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître (n°290-octobre 2020) et disponible en format numérique: un portrait de l'artiste Susanna Fritscher, un dossier sur le coliving, des détails "enveloppes polycarbonate" et une matériauthèque in situ à Lille, dans la Zac des rives de la Haute-Deûle. Mais aussi les réalisations du mois: l'aménagement du quai de Southampton au Havre, mené par Michel Desvigne et Inessa Hansch, le théâtre de Clermont-Ferrand par Edouardo Souto de Moura, 100 logements (sociaux, en accession et participatifs) à Nantes par Tectone+Tact, un gymnase à Paris par Archi5. En référence, "Raymond Blanc, moderne grenoblois".

Edito

Maison Bleue

On se souvient de la maison bleue adossée à la colline de San Francisco : « On se retrouve ensemble, on vient s'asseoir autour du repas, tout le monde est là, à cinq heures du soir… » Au début des années 1970, Le Forestier chantait déjà le coliving ! La plupart des étudiants des décennies suivantes ont également pratiqué la colocation, avec ses joies et ses peines : l'exaltation de la vie de groupe, mais aussi les éternels problèmes de répartition des tâches ménagères et la gestion du frigo commun. Plus qu'un mode d'habitat, il s'agit d'un mode de vie, popularisé également, au tournant du siècle, par le film de Cédric Klapisch, L'Auberge espagnole.

Bref, l'habitat partagé ne date pas d'hier. On s'étonne dès lors que les professionnels de l'immobilier n'aient pas flairé le bon filon plus tôt. La méfiance endémique du secteur en matière de toute innovation typologique en serait-elle la cause ? Depuis quarante ans, malgré des évolutions sociétales bien connues - familles recomposées à géométrie variable, entrée toujours plus tardive dans une vie professionnelle et personnelle stabilisée, vieillissement de la population, mobilité croissante, effacement des frontières entre travail et vie domestique -, la conception des logements est restée globalement la même. Le coliving serait-il en train de bousculer des habitudes trop bien ancrées ? (lire p. 51). Les nouveaux acteurs - Babel Community, La Casa, Colonies, Urban Campus et autres -, start-up ou émanations de grands groupes soudain réveillés, s'appuient sur les deux valeurs cardinales, qui, nous dit-on, dirigent la vie des millennials (20-35 ans) : le partage et la flexibilité. Ils sont ainsi en train de transformer en produit immobilier - avec services inclus, du wifi à l'abonnement Netflix en passant par la salle de fitness - ce qui n'était jusqu'alors qu'une façon de vivre tenant de la débrouille et du bricolage. On peut le déplorer, comme Hannah Wheatley, chercheuse à la New Economics Foundation, qui y voit « un stratagème de promoteurs pour faire du profit sur le dos d'une génération qui vit à l'âge de la solitude et doit se battre constamment pour avoir quelque chose qui ressemble à un toit ». Mais on peut y voir aussi, pour les architectes, une occasion unique de faire enfin bouger les lignes du logement, de sortir des standards imposés, de répondre à la diversité des attentes et des modes de vie de toutes les générations, qui n'auront jamais été aussi peu uniformisées qu'aujourd'hui. Gilles Davoine, rédacteur en chef

 

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