Le numéro d'octobre d'AMC est paru
- Gilles Davoine, rédacteur en chef
- Actualités
Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître (n°299-octobre 2021) et disponible en format numérique: un événement sur la recherche en agence, un dossier sur les activités productives, des détails "escaliers scénographiques" et une matériauthèque consacrée au campus de Saclay. Mais aussi les réalisations du mois: un centre pédagogique à Gooik (Belgique) par Jo Taillieu ; un complexe pour sports, spectacles et congrès à Laval (Mayenne) par Hérault Arnod ; 172 logements sociaux et 5 locaux d'activité à Paris par François Brugel ; et un espace socioculturel à Asnières-sur-Seine par Guillaume Ramillien. En référence, Faye et Tournaire, une modernité fondée sur l'attention au site.
Édito
Fablabs et makers
Il fut un temps pas si lointain - quelques décennies tout de même -, où l'on s'extasiait de voir dans les métropoles - New York dès les années 1970, Paris un peu plus tard - le moindre entrepôt transformé en loft d'habitation, le moindre atelier textile transformé en « lieu » d'art contemporain. C'était « tendance », comme on disait alors. On ne parlait pas encore de gentrification, encore moins de bobos. Les activités de petite industrie ou d'artisanat, les ateliers de fabrication ou de réparation étaient priés d'aller découper, fraiser ou boulonner ailleurs, à savoir dans des zones industrielles excentrées, créées tout exprès, où ils pouvaient s'étaler à loisir pour des loyers plus conformes à leurs modestes moyens. D'émergent il y a quarante ans, le phénomène a pris une telle ampleur que les villes ont été vidées de leurs activités productives, ainsi que des ouvriers et artisans qu'elles faisaient vivre. En 2018, on ne comptait plus que 4 % d'ouvriers à Paris, contre 30 % de cadres et professions intellectuelles supérieures. Les activités productives ont bel et bien été les oubliées de la fameuse - et rabâchée - mixité, cheval de bataille de toutes les opérations de rénovation urbaine menées ces dernières années. On redécouvre aujourd'hui l'importance de les faire revenir en ville, pour les rapprocher de leurs marchés et limiter leur empreinte carbone (lire le dossier p. 53). Comme pour le logement social, cela nécessite néanmoins une forte intervention publique, pour leur réserver des locaux adaptés - notamment en soubassement d'immeubles, comme dans la ZAC Chapelle International à Paris -ou pour les accueillir dans les opérations d'urbanisme transitoire avant de les pérenniser.
Le moment est favorable. Les activités productives, de plus en plus numérisées et automatisées - quand elles ne font pas appel à l'intelligence artificielle - occasionnent moins de nuisances que naguère. Elles ont aussi besoin de multiplier les interactions avec un environnement humain proche, riche et diversifié. Enfin, l'époque est au retour du « faire », de la réalisation concrète de produits sur mesure. L'atelier crasseux est devenu un fablab et les anciens cols-bleus des makers. Elles ont enfin regagné le droit à la ville.
Gilles Davoine, rédacteur en chef
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N°299
datant de octobre 2021