Le numéro de novembre d'AMC est paru

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AMC n°300-novembre 2021, couverture

Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître (n°300-novembre 2021) et disponible en format numérique: un événement sur l'Exposition universelle de Dubaï, un dossier sur l'architecture élémentaire, des détails "façades résilles" et une matériauthèque consacrée aux antichocs et amortissants. Mais aussi les réalisations du mois: la réhabilitation de halles marchandes à Bruxelles par Neutelings Riedijk ; l'extension de la mairie de Biot par EGR ; des logements bureaux et parking à Nantes par Raum ; et une école maternelle à Vendegies-sur-Écaillon par Studio Rijsel. En référence, Jean Tschumi et le siège de l'OMS.

Édito

Décoinçage

Si la forme d'une ville change plus vite que le cœur d'un mortel, pour reprendre le vers bien connu de Baudelaire, les questions majeures qui se posent à l'architecture traversent le temps sans prendre une ride. Le titre de cet édito du numéro 300 d'AMC pourrait reprendre, sans craindre la péremption, celui du numéro 200 (octobre 2010), signé alors par Frédéric Lenne : « Réinventer l'habitation ». Il y était question de l'accumulation de normes et de réglementations en tout genre, qui pesaient sur la conception des logements et conduisaient à réduire leur surface, leur luminosité, leur qualité d'usage. Les maires des grandes villes de France avaient même publié un manifeste - resté lettre morte -, réclamant que le logement soit considéré comme une « grande cause nationale ». Dix ans plus tard, le constat est unanimement partagé : en Ile-de-France par exemple, les T4 en accession ont perdu quelque 10 m² en moyenne (enquête Idheal), les cuisines ont quasi disparu en tant que pièces indépendantes, les terrasses ou balcons sont de plus en plus rares. Pourtant, ce que n'ont pas réussi à faire les architectes ou les élus des métropoles, qui dénoncent depuis belle lurette cet état de fait, dix-huit mois de crise sanitaire y sont parvenu : la qualité architecturale de l'habitat, habituellement cinquième roue du carrosse des politiques publiques en matière de logement - loin derrière les aspects quantitatifs et de financement - s'est invitée à la table gouvernementale à l'initiative de la ministre Emmanuelle Wargon, qui a lancé en février la réflexion « Habiter la France de demain ». Au bout de huit mois de travaux, des propositions ont été formulées, s'appuyant sur les récents rapports Girometti-Leclercq et Rebsamen, dont certaines constituent un choc culturel : sortir de l'idéal pavillonnaire ; imposer des surfaces minimales et une double orientation pour les logements privés destinés à être loués - notamment ceux bénéficiant d'un avantage fiscal - ; créer 20 000 logements par an - contre 5 000 aujourd'hui - en transformant des bureaux obsolètes ; permettre la réversibilité des bâtiments par la création d'un permis de construire multidestination ; implanter des tiers-lieux en pied d'immeuble pour faciliter le télétravail. « Le qualitatif décoincera le quantitatif », assure la ministre. Compte tenu des évolutions lentes en la matière - et la permanence des résistances culturelles toujours sous-estimées -, rendez-vous au numéro 400 pour évaluer si le décoinçage annoncé a bien eu lieu.

 

Gilles Davoine, rédacteur en chef

 

 

 

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