Le numéro spécial intérieurs d'AMC est paru
Au sommaire du numéro spécial intérieurs d'AMC qui vient de paraître (n°287-juin, juillet 2020): une enquête sur l'air, matériau ludique et subversif, des dossiers sur les dispositifs post-Covid et les ateliers de vente, un entretien avec Catherine Sabbah et Olivier Namias sur l'avenir de l'hôtellerie, et une matériauthèque "bois". Mais aussi de nombreuses réalisations, regroupées en dossiers thématiques: "maisons", "boutiques", "bureaux" et "restaurants".
Édito
Repirer
Le temps est au partage. Un partage inédit dans l’Histoire, qui unit les hommes avec ironie sous un même enjeu, unique, d’ordre vital: respirer. Depuis plusieurs mois, la planète Mondialisation est balayée par une onde de propagation, traversant librement les frontières –?tandis que les populations étaient assignées à résidence. Cette période de pandémie, dont la dynamique est capricieuse et la durée indéterminée, impose la redéfinition des échanges. Quels vont être les scénarios pour redessiner le cadre d’un quotidien simple, pouvoir se déplacer, travailler, se détendre, dîner en compagnie, être bien chez soi comme dans l’espace public? Les concepteurs ont heureusement commencé à trouver des parades optimistes au face-à-face interdit, à la règle sociale du ?sans-contact, intégrant une géométrie des espaces hautement variables et dressant des limites protectrices parfois invisibles (lire p. 22). Dans l’aménagement, l’espace vital, cette distance souhaitable pour que chacun existe pleinement, pourrait s’avérer être un paramètre fondateur. Quand dédensifier les mégalopoles reste illusoire, l’appel de la nature se fait de plus en plus pressant. La maison offre de s’y fondre, en s’intégrant dans un paysage collinaire (p. 38). Quant à la rencontre au restaurant, elle s’imagine aisément, par exemple dans un ruban minimal qui épouse une forêt: l’association d’un sol et d’un plafond, sur pilotis, sans murs (p. 102). Ou en ville, grâce à la privatisation des pièces, en retrouvant le plaisir de deviner les autres clients plutôt que de les cerner (p. 94). Designers, artistes, architectes défient les lois de la gravité pour inventer une ?vie plus élastique. Un vent de nomadisme et de légèreté, qui puise dans le mobilier et l’habitat gonflables des années 1970 (p. 8). Concevoir à partir de l’air, n’est-ce pas domestiquer la matière précieuse par excellence? Laure Carsalade, chef de rubrique Intérieur / design