« Les économies de ressources nous conduisent à prévoir la convertibilité des bâtiments », par Emmanuel Launiau, président du directoire d’OGIC
- Frédéric Mialet
- Points de vue
Dans son numéro 262-septembre 2017, AMC consacre un dossier à l'architecture réversible qui, réclamée par les élus et les aménageurs, commence à mobiliser les promoteurs, les majors du BTP mais aussi les architectes. Dépendant du système structurel initial, mais aussi de l'enveloppe, et du dessin intérieur, le changement d'affectation d'un édifice n'est pas un simple moyen d'adaptation aux aléas du marché immobilier : il est soumis à un arsenal de normes réglementaires, fiscales et administratives, variant selon les programmes. A l'heure où la flexibilité paraît à nouveau une priorité, AMC laisse la parole aux acteurs engagés pour comprendre comment anticiper la possible transformation d’un bâtiment, dans une équation économique réaliste.
Emmanuel Launiau, président du directoire d’OGIC
Pour l’îlot B2 de la ZAC Lyon Confluence 2, l’aménageur demandait un bâtiment tertiaire pouvant être transformé en logements, de manière à autoriser une éventuelle mutation urbaine du quartier. Nous avons décidé de travailler sur un concept d’évolutivité au sens large. Pour cela, nous avons interrogé l’ensemble des disciplines de l’acte de construire – architecturale, technique, financière et juridique –, afin de nous assurer de la viabilité de la démarche et de sa possible duplication. Avec l’envie d’apporter la preuve que la démolition-reconstruction n’est pas la seule solution de mutation urbaine. L’architecture sobre et élégante de Diener & Diener se présente comme le fond de scène de la darse, en fermant une esplanade monumentale. La structure de l’édifice participe à son organisation spatiale et permet de ne pas sceller le bâtiment à sa vocation initiale de bureaux. Sa trame est compatible avec la volonté d’obtenir partout un très bon facteur lumière jour, y compris dans les cages d’escalier. Le positionnement des gaines techniques en partie centrale est optimisé. Ainsi le plan "ruine" du bâtiment laisse toute latitude aux aménagements intérieurs. Les façades sont légères et peuvent se transformer au gré des besoins. La prise en compte de l’évolutivité est d’ailleurs retranscrite dans les documents juridiques arbitrant la vie future de la copropriété. Les villes connaissent une croissance forte : elles doivent pouvoir s’adapter pour faire face aux économies de ressources auxquelles nous sommes confrontés. Par exemple, les véhicules électriques en libre-service vont se généraliser ; dès lors, quel sera l’usage des nombreux parkings construit avec des hauteurs sous dalle très réduites ? Il faut concevoir des structures qui assurent une grande souplesse aux bâtiments, qui soient gages de convertibilité. Mais attention, l’hybridation peut créer aussi bien des monstres que des environnements agréables à habiter !
Propos recueillis par Frédéric Mialet