On s'inquiétait encore récemment du sort de
l’ancien musée national des Arts et traditions populaires, chef-d’œuvre de l’architecte Jean Dubuisson, planqué derrière une palissade cache-misère pour détourner l’attention du passant qui se rend à la fondation Louis-Vuitton toute proche. Qu'on se rassure, cet ensemble architectural minimaliste, inauguré en 1975 au cœur du bois de Boulogne à Paris, revivra... sous l'égide du baroque Frank Gehry. Choc des cultures en prévision: la starchitecte a choisi une nouvelle peau diaphane bien sage pour le monolithe sombre, couvert de verre fumé, imaginé par Dubuisson.
Partenaire particulier
C'est à Bernard Arnault, PDG de LVMH, que l'on doit ce sauvetage. En seigneur du bois Boulogne, il a fait appel à son architecte fétiche pour réhabiliter le voisin tristounet de sa flamboyante fondation. Depuis le 31 décembre 2014, date de la fin de la convention qui liait le ministère de la Culture affectataire de l’équipement et la ville, propriétaire, on cherchait un partenaire privé avec les reins solides pour redonner vie au bâtiment, situé en site classé donc contraint de préserver une affectation culturelle, mais seulement labellisé "Patrimoine du XXe siècle". Conduit en lien étroit avec les héritiers de Jean Dubuisson assure-t-on –notamment son petit-fils, l'architecte Thomas Dubuisson–, le projet consiste à faire de ce lieu "La Maison LVMH-Arts, talents, patrimoine" consacrée à la création artistique, au spectacle vivant, ainsi qu’aux métiers d’art et aux savoir-faire artisanaux qui sont au cœur du patrimoine parisien et français. Ouverture prévue en 2020, après deux à trois ans de travaux.
Redevance de 150000 euros
Ce projet doit se concrétiser sous la forme d’une convention d’occupation du domaine public, qui sera soumise au Conseil de Paris le 27 mars 2017. D’une durée de cinquante ans à compter de l’ouverture au public, celle-ci prévoit une redevance fixe de 150000 euros par an versée par LVMH à la ville de Paris, ainsi qu’une redevance variable sur le chiffre d’affaires, de 2 à 10% selon la nature des activités et leur volume. A l’issue de la convention, le bâtiment restera la propriété de la collectivité parisienne.