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Musée d'art moderne, Villeneuve d'Asq Manuelle Gautrand
- Christophe Hespel
- Actualités
Rebaptisé LaM, ce musée est le résultat d’un travail d’addition, tant programmatique qu’architectural. Il laisse à chacune des deux parties qui le composent une identité propre, sans souffrir des aléas d’un collage surréaliste. Au premier abord, l’extension affiche une opacité que l’on supposerait préjudiciable à la scénographie. Elle se justifie dans le rapport courtois qu’elle entretient avec la fragilité des œuvres d’art brut qu’elle renferme.
En 2000, soit dix-sept ans après avoir été inauguré, le musée d’art moderne de Lille, conçu par Roland Simounet, a été classé à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Cette attitude protectrice alla pourtant de pair avec le lancement d’un concours international pour une extension susceptible d’accueillir un fond d’art brut légué en 1999 par l’association L’Aracine. Le projet nouveau autant que la réhabilitation des espaces existants devaient alors être l’occasion de réorganiser le parcours muséal dans sa logique initiale et de pourvoir l’établissement d’un restaurant et de bureaux plus confortables pour les administratifs. Lauréate du concours, Manuelle Gautrand a mené les travaux de réhabilitation avec Etienne Sintive, référencé auprès des Monuments historiques.
Le site reste marqué par un contexte paysager particulier : un bois assez fourni et un lac, dit du Héron, visible depuis l’autoroute toute proche. L’entrée dans le parc du musée, qui comprend une dizaine de sculptures contemporaines, se fait à l’ouest de l’établissement, à une distance respectable du hall. Tout au long du cheminement, le visiteur prend la mesure de la composition moderne de l’œuvre de Roland Simounet. L’étagement des volumes cubiques n’est pas sans évoquer un mastaba, et le contraste des acrotères en béton clair surmontant les appareillages de briques réinterprète les figures d’attiques des ordres anciens. A l’approche des portes du musée, l’extension conçue par Manuelle Gautrand ne se laisse pas encore apercevoir. Ce n’est qu’en poursuivant le cheminement vers l’est que l’on découvre l’accumulation des volumes en béton faiblement percé et marqué par un motif abstrait qui s’agglutine en nuage sur les façades. En fait, le nouveau bâtiment est accolé au musée existant et se révèle aussi depuis le patio qui s’ouvre sur le hall. Manuelle Gautrand a en effet refermé le plan en U initial en disposant sur le côté nord du patio le restaurant. Elle a enveloppé ce programme dans une carapace mimétique des galeries muséales. Les multiples acrotères de l’extension se succèdent en décrochés et annoncent le développement des cinq galeries qui prolongent l’édifice initial.
L’implantation au plus proche de la mitoyenneté nord permet de ménager une circulation technique discrète et efficace entre les réserves du musée et les nouvelles salles d’exposition. Mais, à la rectitude de cette façade, peu perceptible, l’architecte oppose le développement libre des surfaces polygonales définissant les cinq salles dévolues à l’art brut. Fonctionnant en quelque sorte en cul-de-sac, les pièces se déploient en éventail, voire en redents. Ainsi, il est impossible d’embrasser d’un seul regard la diversité des œuvres exposées, même si de grandes baies partiellement fermées par des panneaux coulissants permettent de passer aisément d’une galerie à l’autre. Les décrochés du plan donnent l’occasion à l’architecte de ménager un patio, ou d’inviter à l’ascension vers une salle en belvédère qui n’est pas sans faire écho à l’un des volumes que Roland Simounet a disposé aussi en surplomb près de l’entrée. Les changements de direction successifs s’accompagnent dans la première galerie d’une légère pente, révélant la topographie. Ce dispositif complexifie la scénographie conçue avec Renaud Pierard en recourant à des vitrines isolées, des socles hauts ou des piédestaux. Chaque pignon est vitré toute hauteur, mais ne permet la vue sur le parc qu’à condition de contourner de grandes cimaises. Petits lieux à l’écart de l’animation muséale, les extrémités des galeries invitent au temps d’arrêt. Le visiteur peut alors choisir une vue cadrée par l’un des motifs oblongs du panneau perforé des façades. Outre sa fonction de brise-soleil, le claustra en béton préfabriqué qui passe devant ces menuiseries présente une variété de perforations aléatoires, composée à partir de trente-deux « plots ». Certains motifs se prolongent sur les parois banchées, et même se plient en angle. Pouvant atteindre jusqu’à 7,75 m de haut, chaque panneau est réalisé en béton fibré à ultra-hautes performances (BFUP) de 9 cm d’épaisseur. La modénature des façades témoigne d’un acte assumé de pétrification d’une forme caverneuse dont la teinte nacrée de la lasure sur béton atténue le brutalisme. En raison de la fragilité des œuvres, cette partie du musée est délibérément peu perméable à la lumière naturelle. L’élancement vertical des galeries suscite d’ailleurs une impression solennelle qui s’accorde singulièrement à l’étirement des bois sculptés de Théo Wiesen, exposés au cœur de la section d’art brut. Pourtant, au contact du bâtiment de Roland Simounet, Manuelle Gautrand a conçu une salle dans un tout autre esprit. Non seulement le sol en béton poli y cède la place au parquet à fines lattes pour souligner le changement de secteur muséographique. Mais le relief du faux plafond, même s’il ne capte pas la lumière au nord, présente un développé de sheds qui caractérisent le mode d’éclairement du musée initial. Ainsi, le contact franc entre les deux écritures architecturales a-t-il trouvé une articulation discrète.
Lieu : Villeneuve-d’Ascq (59)
Maitrise d’ouvrage : Lille Métropole Communauté Urbaine.
Maitrise d’œuvre : Manuelle Gautrand Architecture.- Manuelle Gautrand, architecte mandataire ; Yves Tougard, architecte chef de projet ; Renaud Pierard, muséographie ; Kephren, BET structures ; Alto Ingénierie, BET fluides ; LTA et Guesquière-Dierickx, économistes ; AWP, paysagiste ; Roger Labeyrie, multimédia ; Casso, sécurité incendie ; Etienne Sintive, architecte en charge de la rénovation des toitures et façades du bâtiment existant.
Programme : réhabilitation du musée et extension pour recevoir la collection d’art brut, un restaurant et locaux annexes.
Surface : 11 600 m2 SHON totale ; 3 200 m2 SHON pour l’extension ; 4 000 m2 de surface utile d’exposition.
Cout : 30 Me TTC
Entreprises : Tomasini, gros-œuvre étendu ; Betsinor, béton préfabriqué.
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