Dans un contexte d’annulation incessante de la ville et du territoire comme cela se produit au Liban, l’image est presque le seul instrument à faire trace. Une trace qui a valeur de témoignage, une image qui vaut pour relevé. C’est dans cette dynamique de construction de l’histoire assumant le risque de l’interprétation que travaillent les cinéastes-photographes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Leur dernier long métrage tourné en HD Je veux voir est toujours à l’affiche. Catherine Deneuve et le comédien Rabih Mroué, jouant leur propre rôle, parcourent le Sud du Liban juste après la guerre de 2006. Le visionnage de ce film improbable et tendu a stimulé l’envie d’une rencontre avec ses réalisateurs :
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Parcourir les ruines
- Entretien réalisé par Karine Dana
- Actualités
Parlez-nous de votre rapport à la ruine. La ruine renverrait-elle à un processus d’inachèvement, à une manière de poser le monde ?
Khalil Joreige : La question de la ruine accompagne notre travail artistique et cinématographique depuis 10 ans.
Au lendemain des guerres civiles libanaises, les ruines étaient le point de départ de notre travail : comment accepter la ruine, vivre avec ses fantômes ? Nous avons passé des années à filmer les ruines, à nous demander comment les problématiser, les mettre en scène sans les esthétiser, sans se laisser fasciner par elles. il s’agissait d’interroger l’inscription de la ruine, son existence dans la ville, comment vivre avec et surtout que faire après ? La ruine nous a interrogés sur notre présent et son articulation dans le temps, mémoire d’un passé difficile à assumer et promesse d’un futur… Alors que nous commencions à nous en détacher, la guerre de 2006 qui a eu lieu au [...]
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N°185
datant de février 2009