Pascal Barranger, architecte: "Compléter le patrimoine architectural accumulé"

 

Qu’est-que l’intégration urbaine? Est-ce reproduire ad vitam æternam la même architecture? Devrions-nous, sur les berges de la Seine, reproduire les huttes des premiers habitants du site? Chaque époque ne devrait-elle pas, au contraire, compléter le patrimoine architectural accumulé en produisant une architecture adaptée à son temps, à ces moyens techniques de construction et à ces besoins fonctionnels pour enrichir et prolonger la vie de la cité? Si l’on écoute les passéistes qui, aujourd’hui, veulent interdire le projet, le Louvre n’existerait pas, l’Opéra non plus, ni la tour Montparnasse. Ce qui pose le problème de comment juger la production architecturale d’une époque au moment de sa production et de qui la juge.

 

La recomposition de l’îlot de la Samaritaine est sans conteste nécessaire, mais dans toute production humaine importante, l’expression de la démocratie est fondamentale pour que celle-ci soit incontestable. Sans juger personnellement du résultat qu’on nous propose, il serait peut-être temps que sur des projets d’envergure, le débat sur l’architecture et l’intégration urbaine puisse apparaître clairement dans la vie de la cité. Cela renforcerait la légitimité des projets et remettrait l’architecture au centre des débats citoyens. À travers ces débats, une orientation des désirs de la communauté humaine pourrait enfin voir le jour (vœux pieux), au lieu qu’une ligne soit imposée par les “sachants” ou les détenteurs éphémères du pouvoir, qu’il soit politique ou économique.

 

Quant au projet lui-même, à force de tergiversation et de retard accumulé, il risque s’il aboutit un jour, d’appartenir déjà au passé plutôt que d’être l’expression d’une production contemporaine, accès vers le futur.

Réagissez à cet article

Saisissez le code de sécurité*

Saisir le code

*Informations obligatoires

Une marque

Groupe Moniteur Infopro Digital