Philippe Panerai, la ville comme fil rouge
- Nicole Cappellari et Julien Correia
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Urbaniste, enseignant et théoricien de la ville respecté, l'architecte Philippe Panerai est décédé le 12 mai 2023.
Philippe Panerai fait partie de ces architectes français qui ont incarné le "retour à la ville" durant toute leur carrière. Sa formation à l’Ecole des beaux-arts au sein de l’atelier Arretche, architecte lui-même très actif dans la reconstruction des villes détruites comme Saint-Malo, n’est pas anodine. Après son diplôme en 1967, Philippe Panerai se forme à l’Institut d’Urbanisme de Paris. Dans un contexte où l’architecture sur dalle est encore dominante, il revendique un lien étroit entre la forme urbaine traditionnelle et le projet contemporain. À l’origine de cette idée, plusieurs courants théoriques : la pensée structuraliste d’une part, les analyses pittoresques anglo-saxonnes et les études typo-morphologiques italiennes d’autre part. À ces approches, Panerai ajoute une analyse approfondie du parcellaire ainsi qu’une attention aux habitants, cet héritage perdure encore fortement aujourd'hui.
Panerai a été aussi un pédagogue très apprécié, dans un premier temps à Versailles, puis à Paris-Villemin et Paris-Malaquais, jusqu’à sa retraite académique en 2005. Avec son collègue Jean Castex, ils mènent une pédagogie nouvelle en prise avec la recherche architecturale et urbaine qu’ils ont su initier dès le début des années 1970. Ensemble, actifs dans la création de l’UP n°3 à Versailles, ils fondent l’ADROS (puis LADRHAUS), l’un des premiers laboratoires de recherche à revendiquer le lien entre architecture et ville. Panerai est notamment à l’origine de recherches destinées à devenir des classiques de l’histoire et de la théorie urbaine, comme les célèbres Formes urbaines, de l’îlot à la barre (1977), Éléments d’analyse urbaine (1980) et Projet urbain (1999), régulièrement réédités. Au début des années 1980, Philippe Panerai favorise l’ouverture aux villes orientales – comme Le Caire – puis aux villes latino-américaines.
À partir de 1989, il s’engage dans une pratique d’architecte-urbaniste qui lui vaut le Grand prix de l’urbanisme en 1999. Parmi ses projets les plus significatifs, l’extension nord-ouest du centre-ville de Rodez (1990-2002), le plan général d’aménagement de Sarcelles (1997-2002) et la requalification du Grand ensemble du Teisseire à Grenoble (1997-2010).
Panerai aura nourri la pensée urbaine jusqu’à très récemment par une activité intense dans le champ de la publication et des revues, croisant théorie et pratique. Il est rédacteur en chef de la revue Tous urbains de 2017 à 2021 et publie notamment : Paris-Métropole, formes et échelles du Grand-Paris (2008), Dessin de ville et vie quotidienne (2016), L’ivresse de la feuille blanche, l’architecture aux Beaux-Arts avant 1968 (2020) et La ville de demain (2022).