Regard de photographe: Clément Guillaume, chercheur d'images (1/4)
- Karine Guilbert
- Photographie d'architecture
Chaque semaine, AMC donne la parole à un photographe d'architecture pour commenter l'une de ses prises de vues. Invité de cette série: Clément Guillaume
Leca da Palmeira, 2012. "En reportage à Porto, au Portugal, pour une commande, j’ai fait le détour vers Leca da Palmeira, au bord de l’océan, pour photographier la première réalisation notable d’Alvaro Siza, la Casa de Cha, classée monument historique un an plus tôt. Aujourd’hui restaurée, elle était à l’époque presque à l’abandon. Je fais beaucoup de prises de vues généralement avec un Reflex Canon, à la fois pour documenter un bâtiment et pour constituer une bibliothèque d’images de référence. Le cadrage frontal que j’affectionne, installe la composition architecturale très graphique dans le paysage. Les lignes épurées du toit suivent la pente vers la plage et se découpent sur le fond du ciel. Si résumer un bâtiment en une photographie est une gageure, celle-ci rend compte de la perception que l’on en a dès l’arrivée, de la relation intime du bâtiment avec le site."
Clément Guillaume s’est détourné du milieu de la mode et de la photographie de portraits il y a presque dix ans, en acceptant les premières commandes d’architectes, amis proches, ou plus médiatisés, comme Jean Nouvel qui lui commande le reportage des Bains des Docks à Nantes, ou encore Valode et Pistre pour leur centre commercial Okabé, à l’époque en chantier. "J’ai grandi avec l’idée que "béton" était un gros mot, que les grands ensembles de logements abîmaient le paysage, que les périphéries de villes ou les chantiers ne méritaient pas une photo. A chaque époque son esthétique, son utopie, en réponse à la politique et aux besoins du moment. C’est en voyage à l’étranger ou proche de chez moi que je photographie les bâtiments et les paysages que j’ai découvert dans les livres pour révéler leur photogénie, leurs usages et leur évolution au fil du temps."