Regard de photographe : le temps suspendu de Laurent Kronental

« Il y a une grande part d’inconscient dans le travail de tous ceux qui créent ». Laurent Kronental explore les champs de la psychanalyse lorsqu’il parle de ses photographies. Il convoque ses souvenirs comme une réserve à émotions et ses images ravivent la mémoire collective. La banlieue de son enfance, qu’il transpose dans son projet artistique  « Les yeux des tours », fait écho à l’actualité. Les grands ensembles de 1960-1970 et leur mauvaise réputation, sont encore des sujets sensibles au cœur des problématiques de la ville moderne, et des grands remaniements urbains. La ville en marge, l’urbanisation inadaptée, les laissés pour compte reprennent possession de la scène publique. Laurent Kronental observe cet environnement, ses habitants, et avec le temps qui passe l’histoire qui les unie. Quarante ans, une génération depuis la construction des tours Nuages d’Emile Aillaud à Nanterre qu’il photographie de l’intérieur, projetant le spectateur dans un univers de cinéma qui lui est cher, celui de Wim Wenders, de Jacques Tati, ou de Ridley Scott. Traverser les âges, trouver sa place, cette série dont les acteurs invisibles sont la vie urbaine et le temps qui passe, est présentée en quatre photographies. « Souvenir d’un futur », titre du premier volet élu prix du public 2016 au festival Circulations – avait permis de faire connaître un auteur dont l’écriture ne laisse pas indifférent.