Regard de photographe: Les vestiges d'empire de Thomas Jorion (4/4)
- Karine Guilbert
- Photographie d'architecture
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Regard de photographe: Les vestiges d'empire de Thomas Jorion
Chaque semaine, AMC donne la parole à un photographe d'architecture pour commenter l'une de ses prises de vues. Invité de cette série: Thomas Jorion
Détroit du fleuve rouge, novembre 2015. « J’ai peu d’informations sur l’histoire de l’église du Sacré Cœur excepté quelques images d’archives. Elle est photographiée dans les terres, loin du bord de l’eau avant que le dérèglement climatique ne modifie son environnement. J’ai choisi de ne pas centrer l’édifice dans le cadre et d’ouvrir vers l’horizon. La lumière du levé du soleil trace une ligne teintée de jaune qui réchauffe le climat mélancolique. Le temps de pose très long, donne un flou au mouvement des vagues et des nuages ajoutant de l’abstraction et une certaine étrangeté à l’image. La surface de l’eau paraît vaporeuse, les nuages forment des traînées, une technique qui permet de créer un univers abstrait et de développer une atmosphère onirique. C’est la première église de ma collection. Proches des références de l’école objective de la photographie allemande des années 1970, mes séries se collectionnent et font de mon travail un art conceptuel. »
C’est à travers une série d’images publiées dans son dernier livre Vestiges d’empire, que Thomas Jorion témoigne d’une partie de notre histoire. Autodidacte, Thomas Jorion laisse libre court à l’intuition et développe une forme d’expression associant rigueur et esthétisme. Il mêle ce qui relève de l’objectivité à ce qui relève de la subjectivité, donnant une dimension supplémentaire au vestiges d’un empire déchu.