Regard de photographe : mise en scène en temps réel de 11h45 (1/4)
- Karine Guilbert
- Photographie d'architecture
Chaque semaine, AMC donne la parole à un photographe d'architecture pour commenter l'une de ses prises de vues. Invité de cette série: Florent Michel - 11h45
Paris La Défense, été 2016. « Je travaille régulièrement pour Defacto, l’agence de communication du quartier de La Défense. En répondant à l’une de leur commande j’ai eu l’idée d’une mise en scène mettant en perspective l’image d’archive, en tirage grand format, dans le décor réel. Influencé par le travail de l’artiste Jordi Colomer, j’ai imaginé un personnage, dirigé comme un comédien, évoluant dans l’espace, vêtu d’un costume noir, neutre et intemporel, un point d’articulation entre l’archive et l’époque actuelle. Il devient le troisième élément qui ramène au sujet, qui donne la vie et le mouvement du temps qui passe. Sans être l’objet de l’intention, il donne du sens à l’image. J’aurais pu l’habiller de lycra, en faire un personnage à la Philippe Decouflé, mais ce serait devenu une publicité pour « Kodak ». Je tenais à l’ensoleillement, aux couleurs éclatantes, aux ombres marquées, aux lignes affirmées comme gage d’une identité. Grand amateur du travail des Becher, initiateurs de l’école de Dusseldorf dans les années 1970, je m’y apparente par la rigueur de la technique, et je m’en distingue en introduisant la couleur et la mise en scène. La Défense c’est un lieu qui me passionne que je photographie souvent dés qu’il fait beau. C’est un lieu particulier, hors du temps, symboliquement fort, parfois discutable esthétiquement, mais j’ai fini par m’attacher à tous les bâtiments pour en faire un lieu privilégié de création. »
Pour Florent Michel, la photographie est d’abord une histoire de transmission, une passion laissée en héritage par son père. Il se souvient des heures passées, plongé dans la lumière rouge du laboratoire familial, à regarder dans le bac « luminata » les images se révéler. Photographe de l’agence 11h45, il poursuit son travail de commande en parallèle de travaux personnels à travers lesquels il satisfait son attachement aux anciennes techniques et à l’histoire de la photographie. Résolument plastique et systématique, son travail est une exploration spatiale, parfois hantée d’une présence humaine pour en faire une signature créative.
