Regard de photographe : mise en scène en temps réel de 11h45 (4/4)
- Karine Guilbert
- Photographie d'architecture
Chaque semaine, AMC donne la parole à un photographe d'architecture pour commenter l'une de ses prises de vues. Invité de cette série: Florent Michel - 11h45
La Philharmonie de Paris, Aout 2016. « En répondant à un concours, avec William Gaye, rencontré à Louis Lumière, nous avons utilisé la technique du collodion humide, une émulsion liquide appliquée sur une plaque de verre ou de métal. Cette technique se fait à la chambre et l’architecture en est un sujet privilégié. La chambre photographique est un outil magique et ancestral qui arrête le temps; pour moi, elle est l’icône du photographe du XIXe siècle. La photographie est matérialisée, imposant un autre rapport à l’objet unique respecté et transmissible. Le développement doit être très rapide, de l’ordre de 8 min et nous avons installé un laboratoire portatif dans le parking de la Philharmonie, alors embaumé d’odeurs chimiques sous le regard effaré des visiteurs. Cette technique rigoureuse, utilisée dans les années 1850, amène de la rapidité et un rendu esthétique aux images. La tête sous le drap noir, immergé dans l’obscurité, j’avais le sentiment de faire un peu partie de l’histoire, gardant en mémoire les missions héliographiques que nous aimerions reprendre. En utilisant cette technique du collodion humide, la photographie devient un objet d’archive dans la lignée des travaux pour Le Monde, mais en négatif. Une autre manière d’organiser des scénarios de mise en perspective d’époques qui s’entrecroisent. »
Pour Florent Michel, la photographie est d’abord une histoire de transmission, une passion laissée en héritage par son père. Il se souvient des heures passées, plongé dans la lumière rouge du laboratoire familial, à regarder dans le bac « luminata » les images se révéler. Photographe de l’agence 11h45, il poursuit son travail de commande en parallèle de travaux personnels à travers lesquels il satisfait son attachement aux anciennes techniques et à l’histoire de la photographie. Résolument plastique et systématique, son travail est une exploration spatiale, parfois hantée d’une présence humaine pour en faire une signature créative.