Regard de photographe: Philippe Ruault, interprète fidèle (1/4)
- Karine Guilbert
- Photographie d'architecture
Chaque semaine, AMC donne la parole à un photographe d'architecture pour commenter l'une de ses prises de vues. Premier invité de cette série: Philippe Ruault.
Caen, octobre 2016. "Cette photo traduit une caractéristique du bâtiment. Les parties vitrées de la façade sont l’expression du volume donné à la salle de lecture au centre du bâtiment. Le vitrage, en partie basse, donne la transparence et le vitrage bombé, au-dessus, modifie la vision. Par cet effet de distorsion, la perception du paysage depuis l’intérieur de la salle de lecture est troublée. Le volume devient une bulle de lecture. Rem Koolhass introduit l’effet de distorsion, une référence directe au surréalisme, à Salvador Dali ou Yves Tanguy, et leur vision subjective des paysages dans leur art pictural. C’est le genre de confidence dont je m’empare immanquablement. Depuis l’extérieur vers l’intérieur, on perçoit le pouvoir réfléchissant du matériau. C’est ce que j’ai cherché à rendre compte. Généralement, la question pour le photographe est de rendre compte du sujet d’étude avec objectivité. Ici, au contraire, les effets sont induits et la photo exprime l’architecture. Le photographe n’invente pas l’architecture, il ne doit pas inventer des discours qui n’existent pas."
Autodidacte, Philippe Ruault est photographe d'architecture depuis une trentaine d'années. Il a signé de nombreuses collaborations avec Jean Nouvel, Rem Koolhaas, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal notamment.