Rem Koolhaas, pilote de l’extrême - Livre
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En janvier 1991, Rem Koolhaas, pas encore Prix Pritzker, vient converser à la Rice University de Houston. Un privilège pour les étudiants texans, que les lecteurs français peuvent désormais partager grâce à la traduction des courtes conférences, agrémentées d’une analyse du chercheur Sanford Kwinter.
« Dans sa compacité élégante, cet ouvrage préfigure de grandes choses à venir », vante la préface du livre Rem Koolhaas, vers une architecture extrême. Il est vrai que le propos, si court soit-il, est empreint de la fulgurance qui fera la force de Junkspace (2001). Mais dans ces conférences antérieures au manifeste, il est autant question de la métropole et de sa congestion comme composante de la création, que d’une critique sévère des architectes modernes, enfermés dans un vocabulaire rigide, incapables d’anticiper les enjeux de la société mondialisée. Avec des mots clairs, souvent provocateurs, Rem Koolhaas pousse ses confrères à imaginer l’architecture à même « d’ingurgiter ces gros morceaux indigestes » que produisent « les promoteurs ». Et le Hollandais d’illustrer l’injonction en déconstruisant trois de ses projets (pour le terminal maritime de Zeebrugge en Belgique, la très grande bibliothèque à Paris et le centre ZKM pour l’art et les médias à Karlsruhe en Allemagne). En révélant sa quête d’une cohérence conceptuelle liant les raisons symboliques, programmatiques et constructives, ces descriptions permettent de mieux comprendre la séduisante évidence des réalisations d’OMA. À la manière d’un pilote de chasse, qui maîtrise son vol parce qu’il maîtrise l’interaction de nombreuses variables (l’horizon, le ciel, le soleil, l’ennemi, les alliés), Rem Koolhaas est un architecte de l’extrême.
- Rem Koolhaas, vers une architecture extrême
- Traduit de l’anglais par Jacques Bosser, Éditions Parenthèses, 96 p., illustrations, 11 €.