En ces temps de crise, sanitaire, économique et climatique, comment retrouver le souffle utopique, celui du dépassement et de la transformation ? Peut-être en allant regarder du côté de la science-fiction. Anthropologie des autres mondes, elle constitue un extraordinaire terrain de jeu pour l'architecture, car elle permet de créer des environnements cohérents en projetant problématiques, spatialités et matérialités comme autant de fusées exploratrices. Loin du pan le plus connu du genre - souvent militariste, colonialiste, apocalyptique -, une nouvelle science-fiction se veut plus positive, environnementaliste, féministe et réparatrice, en cessant d'imaginer le pire pour penser un monde meilleur.
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RETROUVER LE SOUFFLE UTOPIQUE SUR LES CHEMINS DE LA SCIENCE-FICTION
- Alice Carabédian et Fanny Lopez *
- Actualités
N'est-ce pas dans les nouveaux récits que s'inventent de nouveaux espaces ? A rebours des idées reçues, c'est bien d'utopie dont nous avons besoin aujourd'hui. L'utopie, royaume de l'ambivalence, a subi plusieurs métamorphoses : de l'île lointaine de Thomas More (1516) introuvable sur une carte, elle s'est transformée en contrée à venir ; de récit fictionnel, elle est devenue pamphlet politique ; de présentation d'une société meilleure, elle a évolué en programme de réformation de la société présente ; de l'enclave retirée du monde, elle s'est changée en idéal universel ; de l'espoir de la révolution, elle a dégénéré en terreau du totalitarisme. Petit à petit, l'utopie n'implique plus de voyage, comme chez More. Elle se résume à un plan, un programme qui, sans aucun doute, appelle à une réalisation. Tout y est réglé : le « bon lieu » est devenu société parfaite. Le bonheur commun dépend de l'ordre et du consensus. Nous apparaît [...]
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N°293
datant de février 2021