Le numéro de mars d'AMC est paru
- Gilles Davoine, rédacteur en chef
- Actualités
Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître (n°294-mars 2021) et disponible en format numérique: un événement sur les 40 ans du centre Arc en rêve, un dossier sur la construction hors site, des détails "façades de briques en relief" et une matériauthèque consacrée aux produits étanches. Mais aussi les réalisations du mois: l’îlot mixte de Diener & Diener et Clément Vergély à Lyon, l'extension d’un groupe scolaire par Julien Boidot à Guécélard (Sarthe), une tour de bureaux à Puteaux par Cro&co, une halle polyvalente par Studiolada à Ancy-Dornot (Moselle), et un équipement culturel par Pierre Audat et KLV2D à Ennevelin (Nord) . En référence, les villas de Tony Garnier.
Edito
Standardisation
Le durcissement des normes environnementales et l'injonction promue par la loi Elan de construire « plus vite et moins cher » ont fait ressurgir une vieille idée, l'industrialisation de la construction (lire p. 55). Une idée qui excite en général moins les architectes - qui redoutent d'être marginalisés - que les industriels - qui y voient un marché à conquérir - ou les décideurs publics - qui en espèrent une réponse rapide et économique aux besoins en logements et en équipements. Le sujet ne date pas d'hier puisque dès le fameux Crystal Palace de Joseph Paxton à Londres en 1851, avec ses éléments de fonte, de bois et de verre préfabriqués et montés sur place, on peut commencer à parler de construction industrialisée. Mais c'est surtout, en France, dans l'après-guerre, avec l'édification des grands ensembles d'habitat social, que de véritables moyens industriels ont été mis au service de la construction de masse. Non seulement avec la préfabrication de structures et de panneaux en béton, mais aussi avec l'organisation très rationalisée des chantiers le long des chemins de grues. On connaît la pauvreté des formes urbaines et architecturales qui en est issue, et dont on paie encore, des décennies plus tard, les conséquences. Dès lors, on s'étonne que cette question ne soit pas abordée dans le rapport remis récemment à la ministre déléguée chargée du Logement. Les deux auteurs, professionnels de l'immobilier, mettent en avant les atouts de la construction industrialisée - réduction des coûts, des délais, des nuisances de chantier, contrôle de la qualité de fabrication des composants… - sans jamais pointer les risques d'appauvrissement et d'indigence architecturale que contient la standardisation de tout ou partie d'un bâtiment, « produit » spécifique, adapté à une topographie, un climat, des usages et une culture. Saisis d'un enthousiasme nourri de technologie numérique, de soutien des pouvoirs publics et d'assouplissement juridique, ils estiment que jusqu'à 85 % de la construction pourrait se réaliser en usine ! Même si le pire n'est jamais sûr, et que nombre de bâtiments édifiés avec des composants industrialisés restent des références architecturales, il ne faudrait pas qu'au nom de la nécessaire transition écologique s'opère le grand retour de la politique des modèles-types à la sauce des années 1960.
Gilles Davoine, rédacteur en chef
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N°294
datant de mars 2021