Tribunes périphériques - Livre
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Le boulevard périphérique de Paris va avoir 50 ans. Depuis sa création, le contexte a évolué notablement et il est aujourd'hui reconnu que son devenir ne doit pas être accaparé par la capitale. Cet ouvrage invite au débat pour envisager l'avenir de cette machine à circuler des biens et des personnes.
Objet de tous les fantasmes, le boulevard périphérique fêtera bientôt ses 50 ans. Inauguré en 1973 par le Premier ministre Pierre Messmer, cet entre-deux de 35 km fait suite à une longue période de gestation et d'aménagements qui se sont succédé sur les anciens terrains de l'enceinte de Thiers. Au-delà d'être un puits d'informations, cet ouvrage conçu par la jeune et prometteuse maison d'édition Archicity a le grand mérite d'inviter au débat sur le devenir de cette machine à circuler des biens et des personnes - dont le rôle premier demeure de structurer la centralité de la capitale et de la région Ile-de-France. Les discussions sont ouvertes et la complexité des multiples enjeux que draine cette exception urbaine, remarquablement mise en avant. On sort enfin de la vision réductrice du pour et du contre, des propos souvent caricaturaux portés sur la nécessité d'acter le règne finissant de la voiture et, à l'ère de l'anthropocène - qui a parfois bon dos - de recouvrir n'importe quelle construction d'une bonne couche de verdissement. Entre autres, il faut savoir et pouvoir tenir compte des réalités historique, géographique, sociale, économique et régionale, sans oublier l'échelle de cette ceinture grise qui n'a pas encore trouvé sa place - cela prendra du temps -, entre Paris et les communes limitrophes. Depuis la création du périphérique, le contexte a évolué notablement et il est aujourd'hui reconnu que son devenir ne doit pas être accaparé par la capitale - même si elle en assure l'entretien.
Comment installer le périphérique dans le futur?
Légitimement, on peut s'interroger sur la perception qu'en ont les Grands Parisiens. Tout le monde semble néanmoins s'accorder sur un point, le périphérique doit évoluer pour sortir de la dichotomie qui l'anime, celle d'être assimilé tour à tour à une frontière infranchissable et à une rocade purement fonctionnelle. Le transformer, oui, mais comment ? Quelles pistes explorer pour en faire disparaître les nuisances et le rendre plus vertueux sur le plan environnemental, l'adapter aux modes de vie actuels ? En résumé, comment réussir à l'hybrider pour le rendre compatible avec la ville du futur ? C'est cette question qui a été posée. Carte blanche a été donnée aux seize contributeurs, qui brillent par la diversité de leurs profils et font profiter le lecteur de vues transversales. Il y a des historiens, un géographe, un écrivain en la personne d'Eric Hazan, et de nombreux praticiens de la ville et du paysage, parmi lesquels David Mangin, François Leclercq, Michel Desvigne, Anne Durand ou Clément Blanchet. Entre eux, il y a parfois divergence, mais c'est aussi ce qui donne une plus-value à l'ouvrage. Bien que le périphérique ait déjà commencé à muter, notamment au niveau des portes, il ressort clairement que son avenir est loin d'être tracé. Vouloir le transformer, c'est d'abord l'assumer, en accepter les singularités qui constituent un formidable terreau d'expérimentation.
Mais pour être à la hauteur de ce qui est un enjeu national, peut-être faudrait-il vraiment prendre la mesure des usages, stopper la spéculation immobilière qui le gangrène et que les postures idéologiques des politiques cessent d'aller bon train.
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LE BOULEVARD PÉRIPHÉRIQUE : QUEL AVENIR ? dir. Alexandre Bertrand. Editions Archicity, 432 p., 2021, 35 €.
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N°303
datant de mars 2022