Dans les Ensa, la ministre de la Culture défend ses mesures d'urgence en catimini

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© Milena Chessa / Le Moniteur.fr - Visite de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak à l'Esa Paris-Est, le 27 avril 2023

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La ministre de la Culture Rima Abdul Malak était en visite à l'Ensa Paris-Est ce jeudi 27 avril 2023, pour mettre en avant sa principale mesure en réponse aux revendications des Ensa : une aide immédiate de 3 millions d'euros, à partager entre les 20 établissements pour lutter contre la précarisation de leurs étudiants.

On a rarement vu une visite officielle aussi discrète. La ministre Rima Abdul Malak s'est rendu à l'Ensa Paris-Est à Marne-la-Vallée ce jeudi 27 avril 2023, pour une visite surprise, accompagnée de la nouvelle directrice de l'architecture Hélène Fernandez et de ses conseillers. L'objectif, s'assurer que la lettre adressée aux 20 000 étudiants des écoles d'architecture le 21 avril dernier a bien été reçue malgré les vacances scolaires. Avec un espoir sûrement, que les annonces contenues dans le courrier apaisent un peu la colère dans ces établissements, mobilisés depuis mars 2023 contre la précarisation des conditions d'apprentissage ; et éviter le "boycott de Parcoursup" annoncé par les enseignants, qui face au manque de moyens humains et financiers des Ensa, menacent de ne pas transmettre leurs évaluations des lycéens candidats à l'inscription.

 

Sûrement par peur que des casseroles empêchent de s'entendre, c'est dans une école d'architecture vidée par les congés et Archipiades -la compétition sportive inter Ensa qui se déroule en ce moment à Blois-, que la ministre s'est rendue sans être vraiment annoncée. Elle y a assisté à une des réunions mensuelles du groupe de travail "projet d'école" monté dès le début de la mobilisation par l'administration de l'Ensa Paris-Est et les élus étudiants et enseignants. Le sujet du jour : décider où seront alloués les quelques milliers d'euros dont pourra profiter l'établissement parmi les 3 millions débloqués par la tutelle, à destination des étudiants des 20 Ensa. La ministre de la Culture est justement là pour constater l'influence concrète de ces mesures d'urgence, mais aussi pour "affûter ses arguments quand il faudra négocier le plan de loi de finance", précise un conseiller. À Marne-la-Vallée, la nouvelle enveloppe permettra sûrement d'augmenter l'aide à l'achat de matériel informatique et de maquette, ainsi que le soutien aux voyages d'études. Autour de la table, on évoque aussi le développement des contrats de "monitorat" qui permettent aux étudiants de travailler à la bibliothèque de l'école par exemple, pour financer un peu leurs études. On parle aussi d'augmenter les plages de rendez-vous avec la psychologue de l'université. Et pourquoi pas de créer un nouvel échelon dans les frais de scolarité, pour les étudiants qui passent de justesse à côté des bourses.

 

Pendant l'heure et demi que dure la rencontre avec la ministre, la quinzaine d'étudiants présents ne manque pas de lui rappeler l'investissement gigantesque en temps, en énergie et en argent que constituent leurs études. Et si l'Ensa Paris-Est n'est pas la plus à plaindre grâce à la manne que représente la diversification de sa formation (post-diplômes, apprentissage), étudiants et enseignants réclament d'une seule voix de "l'ambition pour toutes les Ensa, et toute la profession". "L'architecture est particulièrement opérante face aux enjeux écologiques, il faut lui donner les moyens de répondre à ces défis en investissant dans la recherche, en accueillant mieux et plus d'étudiants", avance l'un des plus convaincus. Autant de sujets structurels, que beaucoup des acteurs des Ensa - notamment les membres du collectif Ensa en Lutte - réclament d'aborder lors d'assises ou d'états généraux de l'enseignement. Ce n'est pas au programme de la rue de Valois, qui n'est pas prête à se défaire de la tutelle de l'architecture non plus. Mais le dialogue avec le ministère de la Transition écologique et celui du Logement auquel appellent les Ensa et la profession, pour être à la hauteur des défis environnementaux dans les écoles et au-delà, sera dit-on, au cœur de la vaste concertation que mènera Hélène Fernandez pour son autre grand chantier : actualiser la Stratégie nationale pour l'architecture, écrite il y a près de 8 ans déjà.

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