Université populaire du Pavillon de l'Arsenal, saison 2016
Le pavillon de l'Arsenal invite, à partir du 30 janvier 2016, à découvrir et comprendre les fondements de l'architecture lors de quatre cours publics animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des écoles nationales supérieures d'architecture.
Lancée le samedi 30 janiver 2016, la 6e édition de l'université populaire du pavillon de l'Arsenal propose d'interroger, lors de quatre cours publics animés par l'architecte et philosophe Richard Scoffier, les travaux d'architectes venus d'autres continents qui ont réalisé ou simplement dessiné des projets pour Paris : deux Américains, Frank Gehry et Peter Eisenman ; deux Japonais, Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa ; enfin, une Irakienne vivant à Londres, Zaha Hadid.
PROGRAMME
> Cours 1: Formes, Frank Gehry
Samedi 30 janvier 2016, 10h30-12h30
Sans doute l'architecte par excellence de la forme, il s'inscrit à l'articulation de la quête corbuséenne des objets à réaction poétique et de l'art du collage, de l'assemblage, de l'accumulation… Un amoureux des ustensiles les plus triviaux aussi, comme Claes Oldenburg avec lequel il a souvent collaboré, notamment pour la paire de jumelles agrandie de l'agence Chiat/Day à Santa Monica. Une démarche ludique et décomplexée qui peut paraître très proche de l'art contemporain et dans laquelle l'espace architectural et urbain européen tend à l'atrophie pour mieux s'apparenter au vide d'une scène, à la blancheur d'une cimaise. Une démarche qui a su évoluer et subir de multiples mutations. Elle s'exprime aujourd'hui par des constructions qui s'apparentent souvent à des phénomènes naturels. Ainsi les soulèvements telluriques du Guggenheim qui surgissent de la vallée du Nervion à Bilbao, ou les nuages de verre de la fondation Louis-Vuitton qui flottent au-dessus de la canopée du bois de Boulogne.
> Cours 2: Traces, Peter Eisenman
samedi 20 février 2016, 10h30-12h30
Si Gehry est l'architecte de la présence, sans doute pourrait-on considérer que Peter Eisenman est celui de l'absence. Ses projets dessinés, comme ses maquettes et ses réalisations expérimentales, renoncent obstinément à toute plénitude pour mieux mettre en exergue leurs contradictions. Comme s'ils voulaient se libérer des valeurs transcendantes – fondation, surrection, intériorisation, etc. –auxquelles l'architecture est assujettie depuis son origine... Trames en rotation, strates superposées, cubes évidés et découpés : les formes s'autogénèrent dans une relative indifférence au contexte comme à l'usage. L'acte de construire est assimilé à la production d'un système de traces proche de l'écriture et qui rapproche le rôle de l'architecte de celui de l'essayiste ou du critique. Comme en témoigne sa collaboration avec le philosophe Jacques Derrida pour l'un des jardins thématiques du parc de la Villette à Paris qui ne verra malheureusement jamais le jour.
> Cours 3: Transparences - SANAA
samedi 12 mars 2016, 10h30-12h30
Donnant une consistance organique à la transparence, Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa proposent de dépasser l'opposition du vide et du plein par la production de compositions diaphanes qui savent subrepticement nous entourer sans jamais s'imposer. Des constructions qui renoncent à la forme pour s'apparenter à des milieux amniotiques dans lesquels les occupants ne sont pas placés mais plongés. Pas de portes ni de fenêtres, pour le Rolex Learning Center de Lausanne ; mais des collines et des vallées, comme si le relief alentour avait été aspiré dans une cloche de verre pour composer un étonnant paysage intérieur totalement dédramatisé. Ailleurs, la Galerie du temps du musée du Louvre-Lens s'apparente à un véritable dispositif orthopédique permettant l'immersion en apnée des visiteurs dans plus de 2500 ans de création artistique. Des réalisations qui semblent exprimer une connexion entre le Ma – l'espace-temps traditionnel japonais – et la Khôra, cet espace d'avant l'espace que Platon décrit dans le Timée. Une étendue sans qualification ni forme, une ouveuse qui donne la possibilité à chacun de créer ses propres mondes.
> Cours 4: Fluidités - Zaha Hadid
samedi 2 avril 2016, 10h30-12h30
Prônant une autre forme de relève des architectures de la présence et de l'absence, Zaha Hadid a commencé par fragmenter la masse construite en une infinité de facettes colorées souvent trapézoïdales et infléchies. Ses premiers projets poussent ainsi à leur paroxysme de la décomposition des volumes en surfaces initiées par Gerrit Rietveld et le Néoplasticisme. Des compositions empreintes d'une certaine fragilité et porteuses d'une puissance de dissémination radicale : en état d'explosion permanente, elles traduisent un univers labile en extension constante. Une fragilité à laquelle il sera ensuite remédié, dans la seconde partie de sa carrière, par l'utilisation d'un nouveau langage architectural basé sur des formes tendues et étirées rendant compte – mais d'une autre manière – de la même volonté de déconstruction de l'objet architectural. Dans un monde où la démographie s'oppose à la démocratie, le global au local, l'économique au politique, Zaha Hadid a su inséminer à même le territoire des formes fluides et antiurbaines pour s'affirmer comme l'architecte, non du rassemblement et de l'échange, mais du nomadisme immobile, de l'exode, de la diaspora, etc.
- Réservation gratuite et impérative
- Plus d'informations : www.pavillon-arsenal.com/conferences