Au CID du Grand-Hornu, les pistes d’une décroissance joyeuse
- Laure Carsalade
- 26/07/2018 à 07h00
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Le Centre d’innovation et de design au Grand Hornu (CID), en Belgique, met en scène jusqu’au 21 octobre différents moyens pour réduire notre impact environnemental, tout en créant des objets de design. «Halte à la croissance! Design et décroissance», six voies vers une économie respectueuse.
En 1972, le premier rapport du Club de Rome, "Les limites à la croissance", annonce l’impasse d’une croissance sans conscience. Le Centre d’innovation et de design au Grand Hornu pose le sujet comme une bombe, rappelant toutes les alertes qui désignent l’être humain en tant qu'arme de destruction massive sur son territoire, engagé dans une production frénétique. Cette exposition visible jusqu’au 21 octobre 2018 mêle petits objets, mobilier, modes de consommation ; elle invite des fablabs à concevoir ces objets en direct devant le public.
Obsolescence déprogrammée
Au fil des salles de l’exposition, on apprécie la diversité des trouvailles des designers. Le parcours atteste leur créativité et leur intelligence face au défi de la décroissance. Six pensées alternatives sont déclinées: la simplicité volontaire, le low tech, le circuit court, le recyclage, l’obsolescence (dé)programmée, et de nouveaux modèles économiques. Ici, l’emploi de bouteilles en plastique devient politique, lorsque Floris Hovers s’emploie à en faire de petits navires, les Flessenbootjes. Là, une chaise à bascule se transforme en atelier: le Rocking-Knit de Damien Ludi et Colin Peillex (Ecal) utilise l’énergie de l'usager, via le mouvement du balancier, pour tricoter. Autre équipement du quotidien, la machine à laver le linge, qui acquiert un statut de choix lorsque l’on sait qu’on ne s’en séparera plus: l’Increvable, du duo Julien Phedyaeff et Christopher Santerre, est promise à une longue vie, voire à être transmise en héritage, chacune de ses pièces pouvant être remplacée. "How to make without Ikea" (Comment faire sans Ikea) présente des livrets et plans de Thomas Billas qui permettront de produire soi-même son mobilier. Enfin, replongeant dans l’histoire de la chaise, les Shakers se rangent sur une patère murale avec Hancock. La visite est rafraîchissante.
Artistes en résidence
L’exposition présente des résidences d’artistes, entre poésie, réalisme et fiction. Mathilde Pellé développe ainsi son œuvre évolutive Soustraire, une pénurie, dans laquelle elle imagine un monde où l’impôt serait de la matière: chaque jour, elle ôte de la pièce qu’elle a meublée une portion de 9kg de matière, qu’elle entrepose dans un coin. Etonnant dépeçage de meubles! De son côté, Laurent Tixador a construit une pizzeria éphémère, constituée de matériaux récupérés pour la structure, à l’économie frugale et locale. Enfin, l’artiste Arne Hendriks, après avoir fait ses calculs, décrète dans The incredible shrinking man (L'incroyable homme qui rapetissait) que pour consommer moins, il suffit de réduire sa taille… Présentation quasi scientifique d’un projet décalé, tout à fait convaincant et drôle!
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Exposition Halte à la croissance! Design et décroissanceJusqu'au 21 octobre 2018Centre d’innovation et de design au Grand Hornu, Rue Sainte-Louise, 82, 7301 Hornu - Belgique