Audi talents - Derniers jours au Palais de Tokyo

Au Palais de Tokyo, quelques jours de Mind Map et puis s’en vont. Les designers repérés par les Audi Talents sont présentés, bellement mais si peu de temps dans le spacieux fief de l'art contemporain, avenue d’Iéna à Paris. Pour qui peut encore s’y déplacer jusqu’au 5 décembre 2021, l’expérience vaudra toujours mieux qu’une explication. Notre lecture, en attendant, intriguée, troublée, apaisée.

Henri Franchon-Antoine Lecharny, Mind Map Palais de Tokyo - © Thomas Lannes
photo n° 1/9
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Lumière sur le palais de tokyo

Le palais de tokyo à paris

Plonger dans l’esprit et le savoir-faire de jeunes générations de designers, c’est possible avec l'exposition Mind Map, des Audi Talents Aards 2021, présentée au Palais de Tokyo à Paris, qui donne à réfléchir en trois temps sur : comment représenter l’invisible de la vie avec Marie-Sarah Adenis, comment interagir avec l’intelligence artificielle selon Charlie Aubry, comment retrouver des procédés de fabrications rares avec Henri Frachon et Antoine Lecharny. Le commissariat de ces trois expositions en une est signé Gael Cherbeau.

La génétique en paysage

En ouverture, la forêt obscure mais éclairée avec finesse de Marie-Sarah Adenis, que cette double diplômée en Biologie à l’ENS et en design à l’ENSCI nomme «Ce qui tient à un fil». Elle nous plonge dans un archaïsme très évolué. La base de ses recherches est l'ADN, dont il s'agit de matérialiser les imbrications et développements avec le vivant en général. Si des éléments ne venaient sciemment nous le rappeler, sans doute oublierait-on que la donnée de fond est le «passeur de mémoire» génétique. Entre totems de bois suspendus et expérience avec un casque de réalité augmentée, la traversée mène à des territoires entre science et symbolique. Intrigant.

Votre double vous parle

Deuxième volet, «P3.450», l'expérience au cœur du monde poético-chaotique de Charlie Aubry, où ont été recréées des ambiances constituées d’objets et de lieux de sa mémoire. La puissance du jeu, c'est le travail qu'il a fait à quatre mains avec un docteur en intelligence artificielle pour traiter les images captées en temps réel des visiteurs. Des caméras bien visibles se nourrissent de nos informations, sans les enregistrer. À partir des paramètres intégrés dans l'outil, celui-ci analyse plusieurs facteurs -appartenance sociale, âge supposé d'après nos gestes et nos habits, etc.- et nous propose des vidéos adaptées en conséquence sur les écrans, puisées dans les données cachées de youtube. Une visiteuse, vêtue de marron, cheveux longs, bruns et ondulés, trouve par exemple sa réponse devant nous : une youtubeuse qui partage l'ensemble de ces traits, jusqu'à la jeunesse, s'exprime à l'écran, figure du double internet de la personne présente. Le public est acteur à son corps défendant… Il a monté un système de détection de Covid potentiel aléatoire, ce qui perturbe les visiteurs. Troublant !

Questionner la forme

Moins scientifique ou technologique, le travail en duo de Henri Frachon et Antoine Lecharny suit une abstraction, passant par le biais concret de la matière et des machines. Les sujets explorés dans «L’Abstract Design Manifesto» aboutissent ici à une exposition d'objets à ne pas utiliser, et même auxquels ne pas trouver d’utilité. Le trou, le triangle, la technique du jonc doucine, la dissonance... À chaque rangée, sa déclinaison d'un thème. La balade prête à s'amuser des formes, d'un détail, à chercher librement des associations comme dans un rêve. Sans chercher à expliquer. Apaisant.

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