Ricardo Bofill, génial outsider - Livre
- Alice Bialestowski
- 27/03/2020 à 07h00
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Ricardo Bofill est un personnage de roman, déjà une légende tant son œuvre semble enrobée d'un filtre fictionnel qui identifie ses réalisations comme des univers autonomes et singuliers.
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A l'heure où frémit le retour en grâce du postmodernisme et que circulent de nouveau des images des colonnes de Saint-Christophe à Cergy-Pontoise ou des Espaces d'Abraxas à Marne-la-Vallée -par exemple photographiés par Laurent Kronental dans sa série Souvenir d'un futur-, il est de bon ton de s'extasier sur la démesure historiciste et néoclassique de Ricardo Bofill qui a su jouer des colonnes et des frontons pour composer des décors hors normes, dignes d'apparaître dans une planche dessinée de François Schuiten ou d'Enki Bilal. Il n'empêche, aussi exceptionnels que soient ces ensembles, il serait réducteur de s'arrêter à leur aspect théâtral et surtout, spectaculaire.
Métamorphoses
C'est tout l'intérêt de cette monographie qui met en perspective les travaux réalisés par l'architecte barcelonais au sein de l'atelier d'architecture du Taller, qu'il a fondé dans les années 1960, s'entourant alors de sociologues, poètes et écrivains. Avec le recul, le panorama de la centaine de projets, réalisés dans une cinquantaine de pays, pointe la difficulté à définir ce créateur qui n'a eu de cesse d'enchaîner les métamorphoses. De ses débuts en Espagne, où ses logements futuristes sont inspirés du régionalisme critique, à la phase high-tech des années 1990 et 2000, avec des structures de verre et d'acier, en passant par sa période postmoderne française des années 1980, il y a une apparente confusion des genres. Mais chez Bofill, le changement n'est pas dissocié de la constance d'une foi qui est de croire que les bâtiments peuvent améliorer le comportement humain.
"Construire l'impossible"
« L'architecture n'est qu'une suite de projets, elle doit constamment imaginer l'avenir comme un pas en avant. C'est le principe fondamental qui a façonné ma personnalité, mon travail et ma vie », dit ainsi celui qui ne s'est jamais retourné sur son passé et a voulu « construire l'impossible ». S'il a adopté des formes classiques, c'est avant tout pour des raisons constructives, essentiellement celles de la préfabrication, qu'il a utilisée à grande échelle. Monumentalité, symétrie, géométrie et utilisation de la couleur font ainsi partie d'un langage qu'il a intégré dans un art de la mise en scène, renouvelé avec brio tout au long de sa carrière. Aujourd'hui, on peut enfin prendre la mesure de l'avant-gardisme des constructions comme le Walden 7, le château de Kafka ou La Muralla Roja, qui font partie de la culture populaire, et de ses idées novatrices à propos des espaces communs et des styles de vie alternatifs. De même que l'on pourrait citer nombre d'autres exemples visionnaires, le plus beau et le plus touchant étant peut-être La Fabrica, une ancienne cimenterie de la banlieue de Barcelone où il a installé son atelier et sa résidence personnelle. D'une friche à l'abandon, il a fabriqué un monde sculptural mais minimal et luxuriant, un monument à l'image de cet artiste de l'architecture.
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RICARDO BOFILL, VISIONS D'ARCHITECTURE, Textes de Tom Morris, Anna Southgate, Oscar Tusquets Blanca, Douglas Murphy Nacho Alegre. Editions EPA/Gestalten, 2019, 304 p. 59,95 €.
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PAT
Bien sur ,les premieres oeuvres catalanes de Bofill sont les plus remarquables .Quand j'ai vu Valden 7 la premiere fois ,vers 1975,c'était un choc devant un projet extraterrestre . Les Architectes n'ont rien fait de plus delirant depuis ,sauf peut etre Frank Gehry au Guggenheim de Bilbao Il est heureux que le dogmatisme du minimalisme ,trop longtemps à l'honneur,commence à s'essouffler . On peut donc à nouveau parler de Bofill sans se faire"hasbeener"par les garants de la pensée politiquement correcte.
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Noodles
Il ne fait aucun doute qu'el senor Ricardo Bofill est un grand architecte visionnaire et prolifique, mais malheureusement il aura réservé les ratages de son oeuvre en France, dans une architecture de péplum cinématographique, catastrophique dans la fonction, comme dans l'image et répétitive de surcroît. Son erreur provenant vraisemblablement d'une impérieuse nécessité de chercher à plaire.
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Imothep
Pour avoir vecu dans la Muralla Roja, je peux attester que ce fut une expérience extraordinaire des sensations d'espace inoubliables, melant les ksour marocains a une indefinissable sensation de liberte de couleur et d’harmonie. Les villas situees derriere insérées dans les murs des terrasses Faisaient preuve d’une integration extraodinaire alors que le paysage alentour se remplissait de bubons bati au flanc des collines les grignotant peu a peu pou bientot les faire disparaitre. Beau souvenir également d’avoir habiter dans Xanadu sa première oeuvre a Calpe, accroché a la falaise vibrant de l’assaut incessant et bruyant des vagues qui déferlaient. Il y a dans cet ensemble beaucoup de poésie et de ....talent.
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