A la cité-jardin de la Butte Rouge, d'abord on démolit, ensuite on classe !
- 06/04/2021 à 07h00
- Pritzker
- Patrimoine
- Galerie
- 92 - Hauts-de-Seine
Le mauvais feuilleton de la cité-jardin de la Butte Rouge continue. Malgré les alertes patrimoniales engagées depuis plusieurs années et la prise de position récente de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot visant à protéger ce modèle d'urbanisme social humaniste - construit entre 1931 et 1965 par les architectes Joseph Bassompierre, Paul de Rutté, Paul Sirvin, André Arfvidson et le paysagiste André Riousse –, la municipalité de Châtenay-Malabry poursuit effrontément son but. Celui de privilégier la spéculation immobilière à la préservation d’un habitat social d’exception. Au conseil municipal de Châtenay-Malabry du 25 mars 2021, alors que l’élaboration d’un site patrimonial remarquable (SPR) a été proposé et adopté, les élus ont également mis en place un protocole démolition de 14 immeubles de la cité-jardin. Un double discours qui interroge sur le rôle de l’Etat dans cette affaire où le département des Hauts-de-Seine, ami des promoteurs, semble avoir tous les pouvoirs.
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LA BUTTE ROUGE PRESQUE SAUVÉE
Comme le souhaitaient la ministre de la Culture ainsi que de nombreuses associations et experts depuis des années, le Conseil municipal de Châtenay-Malabry du 25 mars 2021 a finalement voté et accepté la création d’un site patrimonial remarquable (SPR). Pour autant aucun engagement n'a été pris sur son périmètre et son plan de gestion.
En même temps
Ce qui n'a pas empêché, au même conseil, d'établir un protocole de démolition des bâtiments des îlots-tests. Il applique à 20 bâtiments les dispositions du plan local d’urbanisme (PLU) récemment modifié. Au total, 14 immeubles de la cité-jardin vont être démoli ainsi que des arbres qui jouxtent les façades ; 3 subiront une « rénovation lourde » et 3 autres une « réhabilitation sous protection patrimoniale forte ». Cette action révèle un taux de démolition de 70%, les rares bâtiments conservés étant dénaturés, y compris ceux des premières tranches de construction de la cité-jardin.
Un SPR instrumentalisé
Mais que classera-t-on quand il ne restera plus rien ? Car la municipalité de Chatenay-Malabry vide de son sens la protection d’État et ne fait qu'entériner son projet de destruction de la cité-jardin de la Butte Rouge. La protection promise est réduite au statut de simple label cautionnant un PLU destructeur. A l'heure où Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal viennent d'être distingués par le prestigieux prix Pritzker - salués notamment pour leur importante activité de réhabilitation -, il serait honteux que les pouvoirs publics s'érigent en contre-exemple et laissent faire la démolition annoncée de cet emblème de la cité-jardin à la française, de renommée internationale. Madame la ministre Roselyne Bachelot laissera t-elle faire un tel carnage humain, patrimonial et écologique? Suite au prochain épisode…