Café inclusif pour public extrasensible, par Mathilde Van Steenkiste Architecte
- Laure Carsalade
- 12/07/2023 à 11h00
- 75 - Paris
- Intérieurs
- Matériaux
- Galerie
L’autisme, avec la suramplification des sens que cet état implique, ne permet habituellement pas de profiter de lieux partagés. L’environnement se montre vite excessif, d’un point de vue visuel, sonore. « Notre café » est pensé et réalisé par Mathilde Van Steenkiste Architecte, pour modérer tout ce qui habituellement agresse ce public particulier.
lancer le diaporama
Articles Liés
Des containers reconvertis en café-vélo à Paris La Défense
Béton coulé à point, une boulangerie-café par Atelier Mima
Jeff Van Dyck sert les Cafés Richard
Niché au cœur du quartier du Marais, Cour de Venise à Paris, "Notre Café" a été entièrement pensé pour son public, 25 adolescents et jeunes adultes atteints de Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA). Ils se trouvent du côté des hôtes comme celui des invités, au service de l’institut spécialisé IME mais ouvert à tous. L’offre, qui a pour vocation la socialisation, comprend sur 160 m2 une petite restauration, sur place ou à emporter, et la mise à disposition de salles pour des rencontres et réunions.
Mission complète pour public autistique
Le travail de cette architecture du soin, en laquelle croit la conceptrice Mathilde Van Steenkiste, est une mission complète (278000€ HT), accompagnée de Fabien Goutelle pour l’identité visuelle et le choix des meubles. L’atténuation du paysage sonore et visuel est obtenue par l’usage de matériaux mats et sourds, avec des teintes pastel, un contact doux au toucher. Certains murs sont laissés bruts, le carrelage est mat et la robinetterie même évite la réflexion. La maîtrise acoustique était un enjeu majeur : une résine spéciale a été coulée pour le sol qui affaiblit la résonance, complétée par un traitement au plafond. Plusieurs espaces ont été créés, jouant sur différents volumes. La possibilité de choisir son mobilier, qui mixe bois et plastique recyclé, propose le moelleux de banquettes (sur l’estrade), des chaises plus dures et enveloppantes, une assise droite sur le banc ou haute (au niveau du mange-debout). Lumière indirecte et musique ont une intensité finement réglable.
L’hypostimulation du personnel
La vaisselle a également été soigneusement sélectionnée. L’arrière-boutique a été conçue pour l’hypostimulation du personnel de cuisine afin de prévenir les surcharges sensorielles dans le cadre de leur travail. Au-delà de la conscience des matériaux qui font l’objet de diagnostics afin de s’inscrire dans un cycle de vie, l’architecte trentenaire aborde la culture du projet comme un engagement pour des valeurs humaines, et le développe en collaboration. Une jeune femme architecte à suivre.
