Démolition programmée de la cité de l'Abbaye à Grenoble – Patrimoine

Le bailleur social Actis et la municipalité de Grenoble ont décidé la démolition-reconstruction de la cité de l'Abbaye, labellisée Patrimoine du XXe siècle depuis 2004. Les trois îlots constituent un ensemble aux proportions harmonieuses, au style architectural rehaussé d'un décor discret des années 30 et sont notés comme «ensemble homogène» dans le Plan local d’urbanisme. Le Collectif pour la sauvegarde de la Cité de l’Abbaye à Grenoble a mis en ligne une pétition visant à alerter sur le danger d’une démolition coûteuse et inconséquente sur le plan patrimonial.

La Cité de l'Abbaye à Grenoble - © Collectif pour la sauvegarde de la Cité de l'Abbaye à Grenoble
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Zoom sur l'image Démolition programmée de la cité de l'Abbaye à Grenoble – Patrimoine

 

 

 

 

Par le Collectif pour la sauvegarde de la Cité de l'Abbaye à Grenoble

En 1921, l’effacement des contraintes de la défense permet à la ville de Grenoble une expansion urbaine correspondant à son développement économique et démographique. La Municipalité socialiste de Paul Mistral répond aux problèmes de logement des ouvriers en créant l’un des premiers Offices Publics des Habitations Bon Marché (OPHBM). Son souhait est de créer un habitat dans lequel soient respectés « le goût de l'hygiène et de l'esthétique, l'art architectural et celui de l'urbaniste ». Après la cité-jardin du Rondeau (1921-1924) et la cité de La Capuche (1922-1925) et avant celle des Abattoirs (1930-1935), l'Abbaye accueille en 1929-1931 un ensemble de quinze immeubles sur quatre niveaux, répartis en trois îlots enserrant une placette arborée. Aujourd’hui, de cette première phase de préoccupation du logement social à Grenoble, précurseur au plan national, ne reste dans son état d’origine que l'Abbaye, les cités du Rondeau et des Abattoirs ayant été démolies et celle de La Capuche ayant perdu son identité.

Un témoignage patrimonial de logements ouvriers

La cité de l'Abbaye est l’ultime témoin de la création de l'OPHBM de Grenoble et des logements ouvriers de l’entre-deux-guerres. La préserver est reconnaître l'histoire d’un quartier de l’expansion, d’une population nouvelle et de son enracinement. La cité de l'Abbaye est labellisée Patrimoine du XXème siècle depuis 2004. Les trois îlots constituent un ensemble aux proportions harmonieuses, au style architectural rehaussé d'un décor discret des années 30. Ils sont notés comme «ensemble homogène» dans le Plan local d’urbanisme. Les entrées d'immeubles aux portes en chêne sont surmontées du blason de la ville, les fenêtres éclairent largement de spacieuses montées d'escaliers aux rampes élégantes, donnant d'emblée une qualité remarquable dans un type d'habitat peu coutumier de cette recherche esthétique. La cité de l'Abbaye témoigne d’une architecture domestique, sociale et publique, trop souvent victime d’une action patrimoniale plus sensible aux marques affichées des pouvoirs laïcs, militaires et religieux. L’État a d’ailleurs toujours affirmé son avis défavorable à la démolition.

Une réhabilitation possible

La démolition envisagée sera coûteuse et traumatisante alors que les études patrimoniales et techniques montrent que la réhabilitation est possible. La structure du bâti la permet et sa qualité architecturale amène à la souhaiter. Elle serait un lieu d'exercice pour les entreprises locales capables de restaurer un bâti futuriste. La valeur patrimoniale de cet ensemble appartient à la même génération de construction que la Tour Perret, dernier témoin de l'Exposition Internationale de la Houille Blanche et du Tourisme de 1925 et dont la restauration vient enfin d'être lancée.

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