Équerre d'argent 1985 / Lauréat – Roland Simounet – Musée Picasso – Paris IV

C’est l’histoire d’une triple rencontre, celle d’une vaste demeure, d’un peintre hors normes et d’un grand architecte : soit l’hôtel Salé dans le Marais à Paris, la fastueuse dation Picasso (5 000 œuvres) et Roland Simounet. Le musée Picasso est son grand œuvre, même si à cette date, il a déjà derrière lui les réalisations du musée de Nemours (1978) et du musée d’Art moderne de Villeneuve-d’Ascq (1983). L’hôtel Salé a été édifié entre 1665 et 1669 par l’architecte Jean Boullier pour Pierre Aubert de Fontenoy, chargé de percevoir la gabelle, l’impôt sur le sel, d’où son nom. C’est l’un des édifices les plus impressionnants du Marais et avant sa restauration, l’un des plus dégradés. Y loger la multitude des œuvres sans extension paraissait impossible. C’est pourtant ce que réussit Simounet, non en forçant le vieux bâtiment, mais en révélant ses multiples facettes et qualités. De l’architecture séculaire de l’Algérie – où il est né – il disait que se trouvaient en elle les éléments fondamentaux du Mouvement moderne. Et qu’elle lui avait appris à s’adapter et prendre en compte la géographie des lieux. Le parcours, comme un courant d’eau, emporte le visiteur, incité au mouvement par tout un arsenal d’attentions : œuvres choisies pour mettre en valeur le bâti, placées en articulations de pièces en pièces, lames de plancher filant dans le sens de la visite, gorge au pied des cimaises, fuites et pauses organisées des regards. Attentions quasi domestiques, histoires d’amitié, de connivence entre Picasso et les architectures qui l’accueillent et au bout, une émotion particulière. À nouveau en restauration et en extension sur un îlot voisin, le musée rouvrira ses portes à l’automne 2014.