ÉQUERRE D'ARGENT 1992 / MENTION - HENRI CIRIANI - HISTORIAL DE LA GRANDE GUERRE À PERONNE

En 1984 et 1987, Henri Ciriani remporte à Arles puis à Peronne, deux concours de musées classés peu après  « Projets du Président en province ». La construction du musée de l’Arles antique ne devrait s’achever qu’en 1994. L’Historial de la Grande Guerre de Péronne est donc le premier musée de Ciriani à ouvrir ses portes.  

Vue intérieure : Historial de la Grande Guerre, Henri Ciriani, Péronne, Équerre d’argent 1992 / mention - © J.-M. Monthiers
photo n° 1/7
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L’initiative de ce musée original revient au conseil général de la Somme, qui, en 1986, décide d’élargir sa mission de constructeur au-delà des collèges dont il a la charge depuis la décentralisation. L’est du département a besoin d’un équipement culturel, et la mémoire des batailles de la Somme, où l’ensemble des troupes alliées s’engagèrent dans des combats très meurtriers, semble un peu occultée par le symbole de l’affrontement franco-allemand que représente Verdun. Un « Historial » fera donc revivre cette époque douloureuse, non pas sous la forme d’un musée de la guerre de plus, mais par une évocation de la société civile et militaire de l’époque.  Il sera construit en bord de lac, le long du château du Péronne (XIIIe siècle). Henri  Ciriani n’avait jamais construit de musée ni été confronté au dialogue avec un bâtiment ancien. Habitué à l’univers abstrait des villes nouvelles, il met ici toute son expérience moderne de l'équilibre et des proportions au service des grands classiques de l'architecture que sont la présence de l'eau, la recherche de la sérénité, une certaine idée de la beauté liée à la façon dont l'architecture exprime ou défie la gravité. Le bâtiment est un peu grec. Il ne s'impose jamais frontalement, ni sur la plus grande perspective du lac, ni sur le château auquel il est raccordé par une faille étroite taillée dans les remparts. Les façades font ricocher une succession de séquences en "drapeau", figure qui permet à la fois d'ancrer un bâtiment dans le sol et de le porter en lévitation. Le béton blanc détache le bâtiment de son cadre de verdure tout en le rattachant aux sous-sol crayeux de la Somme. L'accès depuis le château a déterminé le plan de référence du musée construit au niveau haut.  Sous ce plan principal, le premier dessiné suivant la leçon du Couvent de La Tourette de Le Corbusier, une promenade abritée au bord de l'eau prend place à côté des bureaux et de la cafétéria. Dans le musée lui-même, Ciriani comme toujours a cherché à soustraire l'espace à l'extérieur pour le doter d'une lumière entièrement reconstruite, à le "fermer pour mieux l'ouvrir".  Pas de sheds vitrés et peu de transparences vitrées : la lumière est canalisée dans de grandes failles, des tranchées, qui expriment physiquement les moments de rupture historique entre les salles. Le volume de chacune d'elles, tenu d'un côté par l'équerre de deux murs opaques, flotte de l'autre dans une aura lumineuse. L'espace n'est plus défini par son enveloppe.
Il ne connaît d'autre vue ni orientation que l’enchaînement des différentes pièces. Le développement en hélice du plan suit la chronologie réclamée par le programme et l'organise autour de la salle centrale des Portraits, point de focalisation vertical du musée. Les trois autres salles principales travaillent sur un mode horizontal l'expression des trois temps forts de la guerre : salle 1 (hypostyle), les trois empires en présence ; salle 2 (plan libre), la période 1914-1916; salle 3 (au mur courbe), l'accélération du conflit. Une petite salle réservée au retour de la paix boucle sur lui-même un parcours que Ciriani voulait parfaitement lisible et repérable. On quitte ensuite ce temps d'arrêt du temps et de l'espace vécu sur la dalle du musée pour retrouver les façades sereines, ponctuées de cylindres de marbre qui évoqueront à certains les cimetières militaires. Les métaphores ici restent discrètes. "Par nature, dit Ciriani, l'architecture ne peut représenter l’ absurde.  C'est une oeuvre de paix qui doit puiser dans son propre registre d'expression  - la lumière, les opacités, le parcours - pour aboutir à l'émotion".

 

  • Lieu : Place du Château, Péronne/80
  • Maîtrise d’ouvrage : Conseil général de la Somme
  • Maîtrise d'oeuvre : Henri E. Ciriani, architecte ; Jean-Claude Laisné et Jacky Nicolas, assistants; Marc Mimram, BET structure; Scobat, BET ; Inex, chauffage-ventilation; Cegef, électricité.
  • Maîtrise d'oeuvre muséographique : Repérages Sarl architectes (Adeline Rispal, Jean-Jacques Raynaud, Louis Tournoux, Frédérique Hervet) ; Sery-Bertrand, économiste ; Lichtdesign, éclairage ; CEM, système audiovisuel; Studio Mutterer, signalétique muséographique. 
  • Maîtrise d'oeuvre audiovisuelle : Comprendre, Espace et la Mer; Coordination de <;hantier, AEP ; bureau de contrôle, Véritas. 
  • Surface : HOB, 4 600 m2 ; HON, 4236 m2 
  • Coût : 82 MF HT (valeur 1992) dont 45 MF pour le bâtiment et 17 MF muséographie et audiovisuel. Avec la participation de la région (12 MF), du ministère de l'Education nationale et de la Culture (12 MF), du Fonds européen de développement économique (16 MF). 

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