ÉQUERRE D'ARGENT 2002 / NOMINÉ - AURELIO GALFETTI, YANN KEROMNES, FRANÇOIS CUSSON, JEAN-LUC DUPUIS - CITÉ DES ARTS
- 28/10/2002 à 16h10
- Équerre d'argent
- Réalisations
- Galerie
- Culture
- Béton
- 73 - Savoie
Derrière une apparence austère, la Cité de la musique et des beaux-arts de Chambéry cache un bâtiment d'une grande technicité.
Difficile d'imaginer un projet moins lyrique que celui choisi par la ville de Chambéry pour l'Ecole nationale de musique, de danse et d'art dramatique (ENMDAD) et les ateliers d'arts plastiques municipaux: deux cubes en béton brut, presque identiques, posés côte à côte, percés régulièrement d'ouvertures verticales. Pour préserver la liaison entre le jardin public qui s'étend au nord et le quartier des écoles qui se développe au sud, les architectes ont choisi une solution radicale: dédoubler le programme en deux bâtiments distincts, de part et d'autre de la rue existante. Depuis le sud, côté ville, les arbres du jardin public restent bien présents dans la perspective et, à l'arrière-plan, la montagne est cadrée. De plus, le principe de deux bâtiments autonomes, sur un plan carré de 25 mètres de côté, aux façades régulièrement percées selon une trame de 1,50 m, n'est pas sans rappeler l'architecture néoclassique du palais de justice tout proche. Malgré des variations subtiles (hauteurs d'étage différentes, soubassement métallique pour l'un des deux blocs), la perception dominante reste l'unité d'ensemble, marquée par les huit façades presque semblables, rythmées par les poteaux et les linteaux en béton brut, pièces préfabriquées en saillie de 70 cm sur le vitrage. Cette importante épaisseur de façade joue un rôle non négligeable de pare-soleil et de filtrage de la lumière, rôle renforcé par la section triangulaire 62 / des poteaux et des linteaux qui augmente leur pouvoir réfléchissant. Le béton de façade intègre un composé chimique (dioxyde de titane) qui lui confère une action autonettoyante. La rigueur mais aussi la sécheresse du dessin de façade se retrouvent en plan. Le hall occupe la quasi totalité du rez-de-chaussée du bâtiment Ouest. La cafétéria y trouve sa place, un peu reléguée à l'arrière du noyau des circulations verticales. En prolongement du hall, un emmarchement monumental conduit, en passant sous la rue, au deuxième bâtiment. Hall, réception, cafétéria, salon d'attente mais aussi grand escalier et foyer de l'auditorium (au niveau -1 sous la rue) ne forment en définitive qu'un seul et même espace fluide qui se développe sur deux niveaux, unifié au sol par un revêtement noir .de dalles d'ardoise. Hors ces espaces communs, les deux édifices sont dans leur structure et leur fonctionnement assez différents. Le bâtiment Ouest est consacré à l'enseignement de la musique. Les salles de répétition (12 à 14 par étage) se répartissent en périphérie, autour du noyau des circulations et des locaux techniques. Leur conception est très sophistiquée. Chaque salle, spécifique à un instrument, est en fait une boîte indépendante quant à l'acoustique: parquets, fenêtres et faux plafonds sont isolés de la structure par des plots anti-vibrations; les cloisons, épaisses de 40 à 50 cm, sont constituées de plusieurs couches de laine de verre, de plâtre et d'air. De plus, elles sont tracées de manière à accuser un angle de r par rapport à la perpendiculaire pour limiter les angles droits et affaiblir la réverbération du son. Pour certains instruments, une inclinaison identique se retrouve dans les faux plafonds. Le bâtiment Est se singularise par la présence d'un auditorium de 220 places, boîte carrée de 18 m de côté qui se développe du niveau -2 au rez-de-chaussée. Equipé de gradins amovibles sur roulettes, il permet la pratique de la musique comme du théâtre. Très sobre, il se distingue par sa paroi de fond de scène, animée sur toute sa surface d'une composition de lames de bois, mise au point par l'acousticien Jean-Pierre Odion, qui donne aux musiciens l'illusion d'une importante profondeur de l'espace. Les étages sont consacrés à des enseignements variés suivant une partition duale: locaux techniques et circulations occupent la moitié sud tandis que la moitié nord fournit une grande salle (24 m x12m), divisible en deux. Vue de l'intérieur, la façade épaisse, avec son alternance de surfaces pleines (bandes verticales de 60 cm correspondant aux poteaux) et de surfaces vitrées (bandes verticales de 90 cm) confère une certaine intériorité à chacune des salles tout en établissant une relation ambivalente avec l'environnement: à la fois mise à distance des arbres du jardin public qui, pour certains, viennent effleurer le bâtiment et cadrage précis du paysage d'arrière-plan avec les massifs montagneux des Bauges et de la Dent du Chat.
Visitez le site des architectes :
http://www.aureliogalfetti.ch/
- Lieu : Chambéry, Savoie (73) .
- Maîtrise d’ouvrage : Ville de Chambéry.
- Maîtrise d'oeuvre : Aurelio Galfetti, Yann Keromnès, (mandataire), François Cusson, architectes de conception; Jean-Luc Dupuis, architecte d'opération; DGST Chambéry, conduite
- Surface : 8910 m2