ÉQUERRE D'ARGENT 2004 / NOMINÉ – ANNETTE GIGON ET MIKE GUYER – MUSÉE DE L’ART CONCRET
- 16/10/2015 à 11h53
- Équerre d'argent
- Galerie
- Culture
- 06 - Alpes-Maritimes
Commencée il y a quinze ans, la Fondation pour l’Art concret a trouvé toute sa cohérence avec l’inauguration au mois de juin dernier de sa pièce centrale : le bâtiment conçu par les architectes suisses Annette Gigon et Mike Guyer pour loger la collection permanente.
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Vu à distance, le musée apparaît comme une grosse villa : une structure verticale de quatre niveaux, fortement découpée et uniformément peinte de vert acide, plantée dans la pente du terrain. La verticalité répond à la configuration du site mais aussi joue en contraste avec la massivité de l’ancien château.
L’entrée s’effectue au deuxième niveau, le visiteur pouvant choisir de descendre vers les salles inférieures ou de gagner les étages supérieurs par de larges emmarchements. Les salles d’exposition se déroulent en spirale, par deminiveaux, autour d’un noyau central regroupant ascenseur, escaliers de secours, services.
La référence est ici clairement celle d’une villa moderne dont les pièces principales auraient été vidées de leur mobilier pour y exposer quelques objets et oeuvres d’art savamment mis en valeur dans un cadre dépouillé. On y retrouve le soin apporté par les architectes à la mise en place précise de chaque élément technique : fenêtre coulissante impeccablement placée au nu du mur intérieur, store extérieur intégré dans l’épaisseur de la façade, système de ventilation invisible, une mince fente entre le plafond et le mur assurant le soufflage et la reprise d’air.
Mais ce petit édifice, s’il témoigne d’un retour à une esthétique du minimal est surtout une démonstration de ce que peut être un travail purement architectural sur l’espace. Une promenade attentive à l’intérieur du musée permet de vérifier que l’ensemble des éléments architecturaux (qu’il s’agisse de la forme ou de la disposition des salles, des baies, des circulations verticales) ont été savamment étudiés et articulés de sorte que, bien qu’empruntant le même parcours à la montée ou la descente (le musée ne fonctionnant pas en boucle), le visiteur jouit d’impressions riches et renouvelées tout au long de sa visite. Un dispositif spatial magnifiquement adapté à la présentation des oeuvres. Mais ce petit édifice rend explicite aussi la position particulière qu’occupent dans le panorama de l’architecture suisse allemande de ces vingt dernières années. Chez eux, les préceptes les plus fermes du minimalisme orthodoxe – totale autonomie de l’objet, pureté absolue des formes, homogénéité voire neutralité des surfaces, recherche d’une présence volumétrique optimum, absence d’élément tectonique – seraient en quelque sorte contaminés par des éléments appartenant au registre opposé du pittoresque: variété et imbrications des formes, variation et irrégularité dans la composition, rugosité voire rudesse des surfaces, influence du contexte.
Les quelques éléments qui caractérisent le musée de Mouans-Sartoux (volumétrie, matériau, couleur, percements) montrent comment, avec des moyens et des dispositifs formels et architecturaux limités et parfaitement maîtrisés, les architectes apportent non seulement une réponse juste au programme et au site, mais créent aussi une oeuvre ambiguë, riche de multiples jeux entre abstraction et expression, entre autonomie et contextualité.
Visitez le site des architectes : http://www.gigon-guyer.ch/en/home/
- Lieu : château de Mouans, Mouans-Sartoux (06).
- Maîtrise d’ouvrage : Ville de Mouans-Sartoux.
- Maîtrise d'oeuvre : Annette Gigon, Mike Guyer, architectes ; Gilles Dafflon; chef de projet ; Eva Geering, Dalila Chebbi, Michael Bösch, Katja Schubert, Leander Morf, collaborateurs. Dr. Lüchinger + Meyer, CVS : 3-Plan Haustechnick AG, BET structure ; Elkom Partner AG, études électricité ; GL Ingénierie, BET.
- Surface : 1 216 m2 de surface utile.
- Coût : 3,5 M€.
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