ÉQUERRE D’ARGENT 2006 / NOMINÉ – ANNE LACATON ET JEAN-PHILIPPE VASSAL – POLE UNIVERSITAIRE DE GESTION

Derrière une apparence de groupement d’immeubles de logements, ce pôle universitaire doit sa complexité formelle à une organisation en plan par recoupements successifs et au statut équivoque de ses espaces communs.

Vue extérieure : pôle universitaire de gestion, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, Bordeaux, nominé au Prix de l’équerre d’argent 2006 - © Antoine Guilhem-Ducléon
photo n° 1/4
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Les quatre entités du programme sont logées aux quatre angles de la parcelle et profitent d’une mise en commun des niveaux RDC et R 1 contenant accueil, amphithéâtres vitrés, médiathèque, restaurant universitaire ainsi qu’un grand patio central. Chacune d’entre elles est séparée d’une faille toute hauteur et redivisée en quatre par un autre niveau de patios dès le niveau R 2, où se déroulent bureaux et salles de classes. Le plan est donc issu de divisions successives qui interrompent sans cesse la rigueur de la trame constructive.

Une structure en béton préfabriqué a permis d’ouvrir sur une flexibilité dans l’organisation spatiale et sur une réduction des temps d’intervention sur le chantier. La structure est composée de poteaux poutres béton préfabriqués et dalles alvéolaires, de 7 à 15 mètres de portée, avec retombées de poutres en façades pour aligner les plafonds. La grande rationalité de la structure permet de réduire tout obstacle aux flux, aux vues et d’augmenter le sens de la communauté chez les utilisateurs. Le plan est finalement très morcelé et variant alors que le programme est cruellement répétitif. Ainsi les systèmes de couloirs aux étages distribuent-ils de part et d’autres des bureaux et des salles mais peuvent également ne distribuer qu’un seul axe de classes et ouvrir sur le paysage ou sur un patio. Ce travail portant sur les subtilités de l’intériorité rencontre une autre caractéristique du projet et plus généralement du travail de Lacaton-Vassal qui concerne le statut des espaces communs, le plus souvent non shonés. Ceux-ci sont désignés ici par trois situations : espaces ouverts (non chauffés), espaces fermés non chauffés et espaces fermés chauffés. Alors que le rez-de-chaussée du bâtiment est clos vis-à-vis de l’extérieur par du vitrage toute hauteur, il est à 75 % ouvert sur l’intérieur. Le hall d’entrée est semi-fermé et non chauffé. Il débouche sur des failles contenant des escaliers cloisonnés, sur des amphithéâtres vitrés et chauffés ou sur des espaces complètement ouverts.

Le trouble qui s’installe lorsque l’on perçoit que les espaces sont simultanément intérieurs et extérieurs est amplifié par le recours à la tôle aluminium pour habiller surfaces et sous-faces extérieures. Ce principe filant fait glisser la lumière naturelle, les mouvements du ciel et de la rue à l’intérieur du bâtiment.

Cette vision créative de la gestion et de la consommation tant de la matière, de l’énergie que de la surface permet d’introduire une notion d’économie du projet regardée comme outil générant de nouvelles formes d’usages. Les moyens se déplacent là où sont les envies : les surfaces et les équipements. En sus d’« hypertrophier » les surfaces par cette approche minutieuse de l’économie, les architectes ont absorbé ce qui aurait dû constituer une phase postérieure, l’extension du restaurant universitaire, de la bibliothèque, et la création de locaux de recherches. Une troisième phase – à long terme – qui consiste à doubler la surface du projet étant également prévue mais de manière encore très floue. Cette notion de phasage qu’il a fallu intégrer dans la potentialité du projet a bien sûr été facilitée par la bonne gestion structurelle. La roseraie verticale destinée à assouplir l’image du bâtiment n’échappe pas à la volonté de maîtrise qui caractérise cette opération. La rose est considérée comme un élément du projet à part entière. Il n’est pas question de végétaliser les façades sans contrôle mais bien de donner à domestiquer, à s’approprier.

 

Visitez le site de l’architecte : http://www.lacatonvassal.com/

  • Lieu : Zac Cœur Bastide, Bordeaux (33)
  • Maîtrise d’ouvrage : Ville de Bordeaux
  • Maîtrise d'oeuvre : Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal
  • Coût : 31,1 M € TTC

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