ÉQUERRE D'ARGENT 2007 / NOMINÉ - JACQUES FERRIER - CITÉ DE LA VOILE
- M.Q.
- 21/10/2015 à 07h00
- Rétrospective
- Équerre d'argent
- Réalisations
- Galerie
- Equipement
- Bois
- Métal
- Equerre d'argent 2007
A la fois témoin d’un passé douloureux – la destruction de la ville pendant la seconde guerre mondiale – mais également élément majeur du patrimoine lorientais, la Base de sous-marins de Keroman entretient depuis toujours un rapport ambigu et paradoxal avec la population locale.
Articles Liés
PRIX D'ARCHITECTURE DU MONITEUR 2007 : BÂTIMENTS NOMINÉS À L'ÉQUERRE D'ARGENT
PREMIÈRE ŒUVRE 2007 / NOMINÉ – HTC ARCHITECTES – TRANSFORMATION ET EXTENSION D’UN ATELIER
ÉQUERRE D'ARGENT 2007 / NOMINÉ - LEIBAR ET SEIGNEURIN - MAISON DE LA COMMUNAUTÉ DE[...]
Fermée en 1997 suite au retrait de la Marine Nationale, elle symbolise également la perte de milliers d’emplois et la crise de l’agglomération. Sans équivalent en Europe, ce site militaire pourtant remarquable présente des potentialités exceptionnelles tant d’un point de vue touristique que maritime. Comme ses voisines Saint-Nazaire ou Bordeaux, Lorient a donc dû se pencher sur l’épineuse question de la reconversion de sa Base de sous-marins. En 2000, un concours international d’idées est lancé afin de définir les potentialités du site mais il n’aboutira finalement à rien de concret si ce n’est à la volonté affirmée d’une reconversion autour de l’activité maritime identitaire de la ville et de la nécessité de développer le potentiel touristique d’un site longtemps fermé au public.
Jouxtant les bunkers au pied de l’eau, la Cité est visible de loin et signe sa présence par une silhouette singulière. Contrastant avec la masse tellurique des bunkers, le nouveau bâtiment prend la forme d’une grande nef en porte-à-faux de tous bords au-dessus d’un rez-de-chaussée transparent, autant détachée du sol que les bunkers y sont fortement ancrés. Dotée d’angles arrondis, l’enveloppe du bâtiment aux formes sinueuses est constituée de panneaux d’Alucobond posés en double peau afin d’assurer l’étanchéité de la toiture. Supportés par une ossature secondaire en acier galvanisé, les panneaux sont laqués d’une peinture irisée conférant à cette peau une couleur changeant au gré du temps. Passant du gris au bleu ou au mauve, cette coque animée s’inscrit en contrepoint des bunkers. Au sud, elle s’ouvre comme une fenêtre monumentale sur le Ter offrant ainsi aux visiteurs des vues panoramiques sur la rade. Elle se prolonge sur l’extérieur par une terrasse habillée de platelage bois.
Le site étant dominé par une architecture fonctionnelle, le principe est repris par Jacques Ferrier dans l’organisation intérieure de la Cité où l’espace, flexible et généreux est au service du programme. Entièrement ouvert et transparent, le rez-de-chaussée est occupé par un vaste hall qui dessert les différentes activités comme le bar, la boutique ou encore l’auditorium de 130 places. Face à l’entrée se trouvent une salle d’exposition temporaire ainsi qu’un hangar d’entretien et de réparation des Pen Duick, bateaux mythiques du skipper Eric Tabarly dont il s’agissait d’intégrer la maintenance au programme. Ces espaces bénéficient d’une double hauteur derrière des façades intérieure et nord en Dampalon qui rappellent celles des hangars du pôle course réalisés il y a quelques années par Jean-François Revert à proximité de la Cité.
Au cœur du rez-de-chaussée, des escalators permettent l’accès à l’étage, lequel est traité comme un grand loft, un outil constituant de l’espace disponible pour les expositions. Le plancher d’étage est partiellement percé pour laisser filer jusqu’au plafond la façade en Dampalon. En référence à l’architecture navale, la sous-face de la coque en Alucobond est habillée d’une seconde coque formée de lames de bois qui, disposées à l’horizontale, s’étirent depuis le sol jusqu’au plafond. Soutenue par une série de poteaux qui fonctionnent comme des poutres verticales, cette coque boisée est l’élément unificateur de ce vaste espace d’exposition permanente qui s’organise autour de trois thématiques. Régulièrement, le bois s’interrompt pour dégager des réserves techniques abritant en creux éclairage et ventilation. L’étage héberge également les bureaux de l’association Eric Tabarly et un centre de ressources.
La Cité de la voile se prolonge sur l’extérieur via les pontons d’accueil des bateaux mais également avec la tour des vents reliée au niveau haut du bâtiment par une longue passerelle. Non inscrite au programme, cette tour-repère fonctionne comme un phare et se fait support d’affichage. Réalisée en profils d’acier galvanisé et habillée de métal déployé, elle constitue une plateforme abritée offrant des vues panoramiques sur la rade et la Base. Forte d’un potentiel de 100 000 visiteurs par an, la Cité de la voile Eric Tabarly ouvrira au public en avril 2008.
Visitez le site de l'architecte : http://www.jacques-ferrier.com/
- Lieu : base de sous-marins de Keroman, Lorient (56).
- Maîtrise d’ouvrage : Cap l’Orient, communauté d’agglomération du Pays de Lorient.
- Maîtrise d'oeuvre : Jacques Ferrier architectures ; Delphine Migeon et Antoine Motte, directeurs de projet ; AIA, architectes associés ; Olivier Petit, architecte naval consultant ; CERA Ingénierie, BET ; Ouest Coordination ; Cete Apave de l’Ouest, contrôle technique ; Kermorvant Consultant, SSI ; ACV, BET acosutique.
- Surface : 6 700 m² SHON.
- Coût : 18,3 M€ HT.
Sommaire